On a une bonne nouvelle pour tous les rappeurs assis sur les bancs des accusés dans les tribunaux californiens.
Utiliser des éléments produits par des artistes dans leurs morceaux, leurs clips ou leurs pochettes d’albums pour les poursuivre en justice, ce n’est pas nouveau. On peut notamment prendre l’exemple du rappeur d’Atlanta Young Thug, arrêté le 10 mai dernier après les paroles de son morceau Anybody, “Je n’ai jamais tué personne – Mais j’ai quelque chose à voir avec ce corps”. Une des preuves amenées par le côté de l’accusation au procès sont des paroles, des textes de rap que le emcee lui-même a inscrit dans ses textes.
Des lyrics qui peuvent peser lourd quand on sait que le jury aux États-Unis est composé de civils et que le tribunal est un moment où l’on peut jouer sur les préjugés et appuyer sur des croyances populaires pour gagner l’avantage.
“Il dit qu’il est un gangster dans son morceau, il a des armes dans son clips, donc forcément c’est un gangster.”
Une rhétorique un peu simpliste qui pourrait bientôt être de l’histoire ancienne. En Californie, depuis le 1er octobre dernier, il est interdit d’utiliser du contenu original de musiciens, comme des paroles ou des clips, pour influencer un procès.
La loi oblige la prosecution qui doit prouver la culpabilité du ou des accusés à faire visionner l’extrait lors d’une première audience sans le jury de civil. Cela permet à des professionnels du droit et de la criminalité de vérifier la pertinence des éléments et éviter toute tentative d’influence du jury en jouant sur des préjugés. Cette loi ne concerne pas uniquement le rap, mais toute forme d’expression créative (on ne pourra donc plus accuser les Beatles d’être des morses ou d’avoir un sous-marin jaune).
Cette décision a été saluée par de nombreux organismes qui luttent pour la liberté d’expression des artistes noirs et saluée par certains musiciens. Les rappeurs Killer Mike, Meek Mill et Tyga étaient notamment présents et applaudissaient lors de la ratification de ce nouvel article de loi par le gouverneur Gavin Newsom.
Une nouvelle loi qui aurait plu à MF Doom, ce emcee new-yorkais qui avait écrit un morceau sur ces rappeurs qui parlent trop de criminalité et qui finissent par témoigner contre eux-mêmes à leurs propres procès.
Un texte issu de C’est Bola vie, la chronique hebdomadaire (lundi au vendredi, 8h45) de David Bola dans Un Nova jour se lève.