Quand Lou Reed devient la créature de David Bowie
Radio Nova revisite ses propres classiques : les raretés de tout bord qui rythment notre antenne, de la soul-funk au hip-hop en passant par les musiques afro-latines et la pop. Aujourd’hui : « Perfect Day » de Lou Reed.
Le Nova Classic célèbre aujourd’hui, autour d’un unique morceau et d’un immense album, la mémoire de deux des plus grands artistes du rock : à notre droite Lou Reed, à notre gauche David Bowie. Ce morceau c’est « Perfect Day » sur l’album Transformer.
Flashback : nous sommes en 1971, Lou Reed est au plus bas de sa forme et de sa carrière, le Velvet Underground n’a pas connu le succès qu’il connaitra bien plus tard. Il a quitté le groupe de freaks monté de toute pièce par Warhol au sein de la factory, pour retourner vivre chez ses parents à Long Island, dans la banlieue new-yorkaise.
Arrivé de l’autre côté de la manche, l’un de ses fans les plus fidèles, qui lui connait un succès mondial, un certain David Bowie est de passage à New-York pour signer son futur quatrième album, Hunky Dory, chez RCA. Un diner est organisé et le courant passe entre la star, fan du rebelle weirdo ew-yorkais.
La suite s’écrit en 1972 quand, après une énième tentative loupée en solo de Lou Reed, David Bowie & son guitariste Mick Ronson, décide de le récupérer pour produire ce chef-d’œuvre que deviendra Transformer.
Un chef-d’œuvre dans lequel on retrouve donc ce « Perfect Day », qui marquera notamment la plus belle scène d’overdose jamais filmé au cinéma, dans Trainspotting.
Ivre la plupart du temps pendant l’enregistrement, Lou Reed se laisse diriger par Bowie & Ronson, et bénéficiera du majestueux travail d’orchestration musicale de ses producteurs, et notamment ce final où les cordes arrangées rencontre cette mélodie inoubliable au piano joué par Ronson.
Comme souvent avec Lou Reed, l’ambiguïté sur le thème du morceau restera entier : est-ce l’histoire de la romance entre Lou Reed & Bettye Kronstad (dont-il évoque des souvenirs dans son autre album Berlin) ou une glorification de l’héroïne ?
À l’image de la pochette de l’album, symbole du glam, le bad boy new-yorkais est devenu la créature de Bowie, le fan. Jamais assumé par Lou Reed, Transformer deviendra son plus grand succès et sa dernière et unique collaboration avec David Bowie.
Visuel © Getty Images / Jorgen Angel