Slim Gaillard : les fondements musicaux de la Beat Generation.
Radio Nova revisite ses propres classiques : les raretés de tous bords qui rythment notre antenne, de la soul-funk au hip-hop en passant par les musiques afro-latines et la pop. Aujourd’hui : « Yip Roc Heresy » de Slim Gaillard.
Aujourd’hui, un Nova Classic qui nous rappelle l’une des influences majeures de Radio Nova avec ce titre devenu culte pour la “Beat Generation” : c’est « Yip Roc Heresy » de Slim Gaillard.
Pour rappel, Nova est un clin d’œil au Nova Express de Williams Burroughs. Mais le morceau que l’on écoute aujourd’hui a été cité dans un autre ouvrage essentiel de ce courant : Sur la Route de Jack Kerouac. Comme de nombreux beatniks, ce dernier a fréquenté les clubs de jazz et s’est inspiré de la liberté et de la fantaisie de ces jazzmen que l’on a appelé les “Hep Cats” – ceux qui influenceront les ”hipsters”.
Parmi eux, Slim Gaillard, musicien de Detroit qui s’est inventé mille vies au fil des interviews, une biographie entre réel et imaginaire, aux frontières floues. Ce qu’on sait de lui, c’est qu’il a formé dès les années trente le duo Slim & Slam avec le bassiste Slam Stewart, qu’il est multi-instrumentiste et que ses performances étaient basées sur l’improvisation : il pouvait commencer un concert qui se termine en one-man-show comique. Un performeur malicieux qui parlait huit langues, et en a inventé une, le vout, langage imaginaire qui permet de faire sonner les mots et contourner la censure. Un langage qui sans nul doute va influencer l’écriture de la Beat Generation.
Le Nova Classic du jour a lui été censuré par les radios. On dit qu’il s’agit d’un des premiers morceaux de jazz chanté en langue arabe. « Yip Roc Heresy » est en réalité une énumération de mets du Moyen-Orient. « Yip Roc » désignant le « yabraq », la feuille de vigne et « heresy », la “harisseh”, le gâteau de semoule.
De l’art de faire sonner une carte de restaurant arménien et de bousculer par la même occasion les esthétiques musicales établies. Une prise de liberté qui donnera, on l’espère, le ton.
Visuel © Getty Images / Gilles Petard