Le label parisien fête ses cinquante ans d’existence. Bon anniversaire.
Depuis cinq ans (et même dix, si l’on s’en tient aux débuts de La Boulangerie, les premières compilations de La Fine Équipe), le label Nowadays accueille quelques-unes des signatures les plus abouties d’une scène française qui assume sa sensibilité, son sens du rythme (et du beat) et son ouverture d’esprit par le biais de la musique électronique. Fakear, Clément Bazin, Jumo, Unno, Robert Robert, Leska, Awir Leon ou encore Le Vasco : tous sont membres d’un label qui préfère plutôt parler d’une grande famille, réunie aujourd’hui au sein d’une compilation, Nowadays V, qui fait le point, aujourd’hui, sur cinq années marquées par la sortie de quelques 75 disques… Membre de La Fine Équipe et fondateur du label (avec Chomsky, Mr Gib, Blanka) du label, oOgo nous dit quelques mots :
Dans un premier temps, Nowadays était la structure qui vous permettait de sortir les disques de La Fine Équipe. À quel moment vous êtes-vous dit que sortir d’autres artistes pouvait aussi être une possibilité ?
oOgo : Depuis le début en fait, même si nous n’en étions pas vraiment conscients. Nous avions une émission de radio à nos débuts pour partager la musique que l’on aime, et faire découvrir des artistes. La démarche a continué avec nos premiers albums de La Fine Équipe, intitulés La Boulangerie, qui avaient des allures de compilations. On se disait à l’époque « pourquoi ne pas inviter et faire connaitre aussi les artistes que l’on kiffe ? » Nowadays a été le moyen d’aller encore plus loin et d’élargir les possibilités et le style musical avec l’idée d’avoir une grande famille et de faire à notre façon.
Lorsque vous le signez, Fakear est encore une figure émergente de la scène électronique française. Il en est aujourd’hui l’un des portes-étendards. Cette progression-là a-t-elle donné des ambitions que le label n’avait initialement pas forcément ?
oOgo : C’est certain que la vitesse de son succès a changé pas mal de choses ! Disons que ça a accéléré le process, mais que les ambitions sont restées les mêmes. On a juste dû apprendre rapidement à gérer une entreprise avec tout ce que ça implique administrativement, ce qui n’était vraiment pas notre univers initialement… Un projet aussi populaire que Fakear permet aussi de mettre en avant des artistes qui ont une musique peut-être moins facile d’accès. C’est ce qui fait notre marque de fabrique : trouver un équilibre, suivant les projets, entre musique pop et « spé /niche », nous ne faisons pas vraiment la différence de notre côté.
En cinq ans, quel est votre principal regret ?
oOgo : Pas vraiment de regrets pour le moment. Peut-être de manière générale, la vitesse à laquelle la consommation de la musique s’accélère, ce qui permet de moins en moins d’avoir le temps de prendre du recul. Mais si on devait revenir en arrière, on ne changerait rien. Il y a aussi une notion d’intemporalité qui nous est cher, d’ou le nom Nowadays… Aujourd’hui, on sent comme une urgence permanente. Mais on pourrait aussi dire l’inverse… C’est incroyable d’avoir cet accès quasi illimité à la culture , on est chanceux de vivre cette époque !
Et votre principale victoire ?
oOgo : Avoir grandement participé à l’émergence d’une scène en France et avoir pu fédérer autant d’artistes d’univers et horizons différents. Aujourd’hui, nous sommes à 75 sorties EP/album et 750 titres, c’est assez fou.
Comment résumeriez-vous le son Nowadays à des enfants qui n’auraient pas forcément en tête les notions de drum & bass, de post-dubstep et d’acide house ?
oOgo : C’est de la musique super cool, souvent faite avec des machines avec lesquelles on peut faire plein de sons bizarres et des rythmes trop bien.
Quel disque, selon vous, incarne à lui seul la ligne artistique du label, et sa démarche ?
oOgo : Le coffret La Boulangerie 10 Years Box qui réunit 35 artistes. Il représente bien la démarche du label. La Boulangerie est un peu l’ancêtre de Nowadays. Aujourd’hui, bien sûr, le style musical a bien évolué, mais c’est un bon exemple de ce qu’on cherche à faire. Sinon, le groupe Unno, avec l’album Amaai, est un peu pour nous la fusion de beaucoup de choses qui nous représente, ils viennent aussi du beatmaking mais mélangent la musique expérimentale, le Jazz, le Hip-Hop, la Pop…
Quelle est-elle, d’ailleurs, cette ligne artistique ?
oOgo : Difficile à définir en quelques mots, c’est plutôt une façon de faire et un état d’esprit. On vient d’univers différents avec Chomsky. Le point commun est la curiosité, l’ouverture et le plaisir sans avoir de style musical précis. Je pense que ce que défend Nova est assez proche dans la démarche, d’ailleurs. Partager de la bonne musique sans la mettre dans des cases et réussir à mélanger tout ça avec du sens.
Chez Nowadays, en plus de l’aspect musical, l’aspect visuel est également fondamental. Comment parvenez-vous à induire l’idée de cohérence visuelle malgré une telle diversité ?
oOgo : La cohérence vient simplement du fait d’être à deux pour choisir les artistes avec qui nous travaillons et de toujours vouloir avoir une esthétique forte. Notre manière d’intervenir sur cette partie dépend des projets mais nous avons toujours un œil avisé pour valider. Certains artistes font leur propre DA visuelle, comme Jumo par exemple.
La vie du label au quotidien et en dehors des fantasmes, c’est quoi ? Et ça concerne combien de personnes ?
oOgo : Pas mal de personnes ont travaillées pour Nowadays ces dernières années. Le label et son histoire appartiennent à chacun d’eux. Aujourd’hui, nous sommes plus structurés et en équipe plus réduite avec cinq personnes à plein temps et des partenaires pour la synchro, les contrats, le tour et tous les artistes visuels avec qui nous avons l’habitude de travailler qui font partie de la famille. Cela demande beaucoup d’énergie, de motivation, de stress… Il faut aujourd’hui réussir à tenir une économie pour faire vivre tout ce petit monde. C’est aussi une fierté a notre petite échelle de permettre à des gens de vivre de leur passion.
Il y a une compilation qui sort pour ces cinq ans. Que raconte-t-elle ?
oOgo : C’est un aperçu de ce que nous avons pu faire au cour de ces cinq années. Il y a deux vinyles : le premier sur lequel on retrouve des titres inédits d’une bonne partie de la team, et le deuxième qui donne une idée de ce que l’on a pu faire depuis le début. C’est difficile à résumer en 25 titres. La sélection n’a d’ailleurs pas été simple mais le disque est tout de même assez représentatif de notre univers global. Pour la cover, nous avons travaillé avec un ami de Milan 2501, que l’on apprécie particulièrement. Je vous invite à découvrir son univers ! Cet anniversaire est un moment important. C’est symbolique et le célébrer nous permet de réaliser un peu tout le parcours et avoir un regarde presque extérieur.
La compilation Nowadays V est disponible. Elle l’est notamment par ici.
Visuel : (c) Nowadays