Le Tea Party associe le président américain à un livre polémique sur l’anarchie
La publication, en novembre dernier, du livre A Rule Is To Break : A Child’s Guide to Anarchy (“Une règle est faite pour être transgressée : un guide de l’anarchie à l’usage des enfants”) fait polémique aux Etats-Unis. En effet, le mouvement du Tea Party, cette constellation politique à géométrie variable réunissant pêle-mêle des conservateurs, des libertaires de droite (libertariens) et des populistes en tout genre, s’est récemment insurgé contre la sortie de cet ouvrage jugé « carrément choquant ».
Penser par soi-même et oublier les supermarchés
Pas sûr cependant que John Seven and Jana Christy, les auteurs (mari et femme dans la vie) de ce livre humoristique constituent la cible réelle du parti réactionnaire dans cette affaire. On comprend certes que le mouvement n’ait pas beaucoup goûté les invitations “corruptrices” adressées dans le livre à la jeunesse : « penser par soi-même », « céder gratuitement ses biens », « faire ce qu’on veut »… On retrouve bien là les principaux mots d’ordre – ou de désordre – de l’anarchie politique. Mais non content d’inviter à l’autonomie morale et politique des enfants, l’ouvrage se double d’exhortations anticapitalistes des plus délétères pour ces futurs consommateurs. « Dessiner sur leur téléviseur, oublier les supermarchés, se rouler dans la boue et revenir tout sale du jardin », telles sont encore les activités débilitantes aux yeux de certains qui sont proposés aux enfants. Au passage, on peut noter que les principaux intéressés n’ont pas attendu une telle formalisation de leurs désirs et habitus pour passer à l’acte. Colorier l’écran TV juste après s’être roulé dans la gadoue, n’importe quel bambin sait le faire. A ce titre, le livre semble davantage destiné aux parents “straight” qu’aux enfants déviants, pardon normaux.
Une délicieuse lecture
Ce joyeux pied de nez à la morale petite-bourgeoise – morale prônée par la classe moyenne américaine, i.e. le cœur de l’électorat du Tea Party – n’aurait jamais connu une telle audience, si Bill Ayers, un pédagogue américain, professeur émérite à l’Université d’Illinois, n’avait écrit sur son compte Twitter qu’il trouvait « délicieuse » la lecture de ce livre.
Le Tea Party n’a pas tardé à s’engouffrer dans la brèche. Il ne leur en fallait effectivement pas davantage pour réactiver une rumeur, démentie par les intéressés eux-mêmes, selon laquelle Bill Ayers aurait été proche de Barack Obama durant la campagne présidentielle de 2008. Et le Liberty News Network (organe de diffusion du Tea Party) d’associer le président des Etats-Unis à ce guide ludique et apparemment soft de l’anarchie.