Par Alexis Breton de Nova Production.
Vendredi dernier en Argentine, s’est tenu un vote qui pourrait un jour faire date. Un vote qui a déclenché des scènes de liesse dans tout le pays.Et aujourd’hui je vais vous parler d’une femme en particulier qui personnifie ce combat pour le droit à l’avortement. Il s’agit d’Ofelia Fernandez, une jeune députée de 20 ans de la ville de Buenos Aires. C’est en 2017 qu’Ofelia fait parler d’elle pour la première fois.
A l’époque elle est lycéenne et déjà très engagée politiquement et elle est invitée à
s’exprimer en direct à la télévision. Face à des journalistes peu objectifs, elle explique avec beaucoup de talents les raisons de son opposition à une réforme visant à privatiser certains secteurs de l’éducation. Alors
qu’elle est en pleine argumentation un de ses interlocuteurs cherchent à la rabaisser et la traite de “chiquita”, petite fille, ce à quoi elle répond sans se laisser démonter “ne m’appelez pas petite fille”.
Les Argentins découvrent à ce moment là une jeune femme pugnace et déterminée.
Mais pour Ofelia, cette séquence n’était qu’un hors d’oeuvre, parce que pour elle tout s’accélère vraiment en 2018. A l’époque, des dizaines de milliers de femmes battent le pavé pour exiger le droit à l’avortement. Ofelia est alors un des visages de ce mouvement qui débouche sur un premier projet de loi, rejeté par le Congrès dominé alors par la droite. Mais Ofelia ne se démonte pas, elle décide de franchir une étape et en 2019, elle se présente au poste de députée de la ville de Buenos Aires. A seulement 19 ans, elle devient alors la plus jeune législatrice du pays. Et dès sa première prise de parole dans l’hémicycle, Ofélia marque les esprits : avec un débit rapide et passionnée, la jeune députée affirme notamment, le point levé : “nous autres, nous nous battons avec le cœur dans la main, il est temps de conquérir enfin
nos droits, nous devons nous mobiliser, pour toutes les femmes assassinées, exploitées ou battues”
Ce discours a un très fort retentissement. Étoile montante de la politique argentine, Ofelia Fernandez est aussi reconnue à l’international. En octobre dernier, elle est désignée parmi les 10 personnes les plus
influentes de sa génération par le magazine Time. Mais c’est bien sur la scène nationale qu’Ofelia Fernandez se distingue. Dernièrement, c’est elle qui rappelle ses engagements en faveur de l’avortement au
président argentin Alberto Fernandez et qui l'a poussé à présenter un projet de loi avant la fin de l’année. Avec d’autres camarades, c’est aussi elle qui maintient aujourd’hui la pression sur le congrès. En effet le vote de vendredi dernier n’est pas suffisant. Pour être définitivement adopté, le projet de loi sur l’avortement doit aussi être validé par le Sénat.
Plus conservateurs que la chambre des députés, il est tout à fait possible que les sénateurs rejettent la loi, comme ils l’avaient d’ailleurs fait en 2018.
Les débats à la chambre haute commence le 29 décembre et Ofélia et ses camarades ont déjà prévenus, elles seront de la partie.
Wikipedia – Creative Commons