Les eaux de la rivière Ruki sont si noires, si opaques, qu’il est impossible de voir à quelques centimètres devant soi.
Je fais un kilomètre de large pour 105 de long, je serpente dans une forêt tropicale et me jette dans le fleuve Congo, mes eaux sont noires et mon nom commence par un R. Je suis, je suis ?… La rivière Ruki bien sûr.
Les eaux de la rivière Ruki sont si noires, si opaques, qu’il est impossible de voir à quelques centimètres devant soi. Aucune rivière au monde n’est aussi sombre que celle-ci, même pas les eaux du célèbre Rio Negro d’Amazonie…
De l’eau infusée au carbone
Alors pourquoi une telle opacité ?… C’est un peu comme le sachet qui infuse dans l’eau pour faire le thé. Pour la première fois, des chercheurs suisses viennent d’analyser les eaux de la rivière Ruki, résultat, elles sont particulièrement concentrées en matière organique dissoute, des substances riches en carbone, une concentration qui dépasse de loin celle, déjà très impressionnante, du Rio Grande ou du fleuve Congo.
En fait, la forêt dans laquelle serpente la rivière Ruki est la deuxième plus grande forêt tropicale au monde après la forêt amazonienne. On parle d’un territoire de plus de 165 000 kilomètres carrés, soit 4 fois la taille de la Suisse. C’est une forêt primaire entourée de tourbières où s’accumulent de grandes quantités de matière végétale peu décomposée. Les chercheurs suisses parlent d’un véritable puits de carbone, or chaque année, durant la saison des pluies entre septembre et décembre, cette forêt, qui est inondée par la rivière Ruki, reste immergé pendant de longues semaines. C’est ce qui donne sa couleur à l’eau de la rivière. L’infusion des matières végétales en décomposition délivre tout simplement une très grande quantité de CO2 qui se dissout dans l’eau.