Un sublime nouveau disque.
Il est tellement compliqué de conter convenablement l’importance de la musique d’Oumou Sangaré, l’importance de cette voix pour le Mali tant cette femme a une dimension sans pareil.
Car la voix d’Oumou Sangaré est terriblement singulière, dans sa musicalité et dans ce qu’elle évoque. La « diva du Wassoulou » (sa région de coeur au sud de Bamako), incarne majestueusement son pays, sa musique, son histoire et son espoir.
Oumou Sangaré a merveilleusement utilisé sa notoriété pour la mettre au service de ce pays. Féministe et frondeuse, elle investit dans le développement économique du pays et lutte pour l’émancipation des femmes.
Et c’est sous la forme d’un nouveau disque qu’elle revient parler au monde après 8 ans de silence.
D’emblée le disque surprend, il est porté par des arrangements qu’on ne connaissait pas chez Oumou, qui a choisi d’enregistrer en Suède, uniquement entourée de jeunes musiciens. Il faut dire que la musique a toujours été une surprise chez Oumou Sangaré, cette femme issue de la noblesse peule n’était pas prédestinée à la musique où chanter est traditionnellement dévolu à la caste des djélis. Pourtant, c’est déjà à 5 ans qu’elle gagne un concours de chant des maternelles de Bamako. Et elle chantera le répertoire du Wassoulou transmis par sa mère.
C’est le producteur sénégalais Ibrahima Sylla (de Syllart Records) qui est le premier à la faire entrer en studio alors que la jeune femme a déjà tourné Europe. Et c’est un pari réussi puisqu’en 1990, son premier « album » s’écoule à six cent mille cassettes dans toute l’Afrique de l’Ouest (voire bien plus si l’on compte les copies pirates). Dans la légende, tout de suite. En modernisant les sonorités traditionnelles du kamélé n’goni et du karignan pour faire entrer la musique malienne dans une nouvelle ère.
27 ans ont passé, la ferveur est la même, chaque titre du disque est une revendication. Que ce soit « Djoukourou » (Le soutien), « Mali Nialé » (Le Mali est beau), deux titres qui interpellent l’auditeur d’un message positif face au marasme ambient. À croire que les bouleversements qu’à connu la société malienne des dernières années n’ont fait que renforcer la foi d’Oumou Sangaré. Plus que jamais ses ambitions dépassent la musique, pourtant elle la fait toujours divinement bien.
Visuel : (c) DR