Chaque jeudi dans BAM BAM, le sample de la semaine.
Aujourd’hui, Le Sample De La Semaine fait écho à un sujet qu’on a déjà abordé hier : on vous parle de voguing. Plus précisément, d’un documentaire mythique, pionnier, qui a été le premier à donner de la voix à la culture des vogueurs et qui a inspiré énormément d’artistes : Paris Is Burning.
Ce documentaire date de 1991, il est réalisé par Jennie Livingston et est une immersion dans la scène ball room new-yorkaise. Il nous emmène à la découverte des vogueurs originaux, voguer, pour ces danseuses et danseurs LGBT, c’est une lutte, c’est un moyen d’assumer son goût pour le luxe, de devenir – le temps d’une soirée – une icône de la mode, un étudiant de Yale, une business woman à succès ou encore une top-modèle qui fait la une du magazine Vogue. Si ce documentaire a marqué l’histoire, c’est parce qu’il ne parle pas uniquement de danse. D’ailleurs, le voguing n’est pas qu’une danse, il donne aussi la parole à une jeunesse hispanique, afro-américaine, à la communauté LGBT des années 90 à NY et aborde la violence de leur vie quotidienne. Ce documentaire a été tellement important, pour l’histoire de la danse et de la culture house mais aussi pour la question des luttes sociales, qu’il a inspiré des dizaines et des dizaines d’artistes dans tous les domaines.
Par exemple, RuPaul’s Drag Race, l’émission de télé-réalité qui cartonne le plus aux Etats-Unis, a clairement été inspirée par les concours de danse filmés dans Paris Is Burning. L’idée de cette émission géniale est de trouver la prochaine star du drag. Il y a donc des participantes qui s’affrontent dans des grandes catégories dont les noms sont des poèmes : comme le Village People Eleganza Extravaganza, du nom d’une des personnes filmées dans le documentaire. De façon plus large, les termes « ‘fierce », « cheesecake », « shade », « yaaaaas queen », « shante you stay », « sacha awwaaay » dont se sert RuPaul aujourd’hui est celui des vogueurs filmés dans le documentaire.
Il n’y a pas que dans la culture drag que ce documentaire est mythique. C’est là qu’on se rend compte de son importance. Des bouts du film ont été découpés et samplés par des musiciens de tous les styles, particulièrement ces dernières années. Par exemple, un certain Blood Orange se sert des discours du film pour l’ouverture de son morceau « Désirée ».
Après lui, d’autres musiciens sont allés chercher des témoignages dans le film. Un certain Romare s’en sert ainsi dans son morceau « Who To Love ». Teyana Taylor, dans « WTP », va elle aussi sampler Paris Is Burning.
St. Vincent, Trust, John Beltran, Surkin, Bobmo et Para One sous le nom Marble Players, ont tous sorti des morceaux qui s’appellent comme le film.
BAM BAM, le Bureau des Affaires Musicales, une émission animée par Sophie Marchand et Jean Morel, et réalisée par Malo Williams. Du lundi au vendredi, 18h00-19h30.
Visuel : (c) Affiche du film documentaire Paris Is Burning