Cette alchimiste de la pop expérimentale fait son nid sur la scène du Nouveau Théâtre de Montreuil, pour un live aérien, composé à partir de chants d’oiseaux et entremêlé de lectures où les piafs jouent un rôle essentiel.
Il y a très très très longtemps, en Chine, vivait un pauvre jeune homme nommé Chang. C’était un disciple de Confucius et il possédait ce don très particulier : Chang comprenait la langue des oiseaux. Dans la cour de la maison de son maître, absorbé par ce qu’il entendait, il en oubliait ses camarades et devenait l’objet de leur raillerie. Un midi, Chang a faim, mais, zut alors, il n’y a plus un seul grain de riz dans la cuisine. Tandis qu’ils se tourmente, une pie se pose sur une branche devant sa fenêtre et lui dit : « Chang le Bon, Chang le Grand, un agneau gît à côté des champs, à l’est de la ville. Va vite le prendre. À toi sa chair et à moi ses tripes ! » Chang, incrédule, part à la recherche de l’aubaine annoncée.
« Parler la langue des oiseaux. » Depuis la seconde moitié du dix-neuvième siècle, cette belle expression désigne une langue d’initiés, une langue d’images, un code occulte qui dialoguerait avec l’inconscient ou le divin, un sabir symbolique, mystique voire, ou carrément farfelu, riche en jeux de mots. Une parole aérienne qui s’oppose à une langue terre-à-terre. Elle laisse paraître le sacré, qui se révèle en mille manifestations surprenantes, sous des formes rocambolesques. Bref, un système de sons et de lettres à décrypter que nous pourrions peut-être… prendre au premier degré.
Apprendre à parler la langue des oiseaux, c’est ce que nous allons faire pendant une heure, sur la scène du Nouveau Théâtre de Montreuil – où le juke-box littéraire de Radio Nova vient de faire son nid, le temps d’une émission en public, à l’occasion de la seconde édition du festival Constellation, « journées Agora de la création radiophonique ». Dans mon arbre, j’ai convié une musicienne française qui répond au nom mystérieux de Perrine En Morceaux, alchimiste de la pop expérimentale qui confectionne actuellement son quatrième album, Chanson animale, à paraître en 2020, dont nous allons entendre de nombreux extraits en avant-première. Des chansons composés à partir de chants d’oiseaux, qui seront entrecoupés de lectures de textes où un piaf joue un rôle essentiel. Puiserai-je ces histoires dans un roman de Robert Merle ? Dans un essai de Monique Pinçon ? Dans une apologie schtroumpfement chouette du vilain Cracoucass ou dans une réminiscence pagnolesque de « l’épopée cynégétique des bartavelles » ? Se pourrait-il que nous soyons rejoints par Arnaud Aymard, alias L’Oiseau Bleu, poète syndicaliste en milieu forestier, parfois reconnu comme « le héros le plus courageux depuis Louis XVI » ? Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur.
Au programme :
Lecture 1 : Vinciane Despret, Habiter en oiseau.
Lecture 2 : Charles Bukowski, Gazouille, merle de mes nuits (issu de Tempête pour les morts et les vivants).
Perrine En Morceaux, live : Black Bird.
Lecture 3 : Toni Morrison, L’Oiseau langue (tiré de son discours de réception du prix Nobel, dans La Source de l’amour-propre).
Perrine En Morceaux, live : Mes anges.
Lecture 4 : Victor Pouchet, Pourquoi les oiseaux meurent.
Perrine En Morceaux, live : Printemps synthétique.
Lecture 5 : Marc Duquet, Il faut sauver nos oiseaux ! (« étourneaux sous Prozac »).
Arnaud Aymard. « L’Oiseau Bleu écrit ses mémoires : l’usine à coucous. »
Perrine En Morceaux, live : Coucou.
Lecture 5 : Daphné du Maurier, Les Oiseaux.
Perrine En Morceaux, live : Robin.
Arnaud Aymard. « L’Oiseau bleu écrit ses mémoires : je suis le fils de Victor Hugo. »
Une émission imaginée et animée par Richard Gaitet, réalisée par Sulivan Clabaut. Merci aux équipes du Nouveau Théâtre de Montreuil pour leur accueil.
Tout savoir d’Arnaud Aymard : http://spectralex.org/
Visuels © Joseph Banderet.