La revue de presse de Marie Misset du 13 décembre
Tous les matins dans Plus Près De Toi, Marie Misset fait sa revue de presse. Et tous les matins également, on la retrouve désormais aussi en ligne sur Novaplanet, cette revue de presse, écrite en ligne comme elle est dite à l’antenne.
« Les primaires à gauche approchent, les présidentielles aussi. Il est donc grand temps pour moi de faire comme tout le monde et de vous parler de sécurité.
Libération interroge le philosophe Michael Foessel à propos de la prolongation de l’état d’urgence. Celui-ci estime que la banalité sécuritaire est porteé par un discrédit du politique. En gros, on promet la sécurité quand on a plus rien d’autre à offrir : ni sur le partage des richesses, ni sur le progrès, ni sur les libertés.
Pour Michael Foessel, on promet donc la sécurité quand on n’arrive plus à transmettre l’espoir et ça se distille un peu partout. On parle de sécurité alimentaire, et de principe de précaution, le monde entier est présenté comme un risque. Ce qu’il a toujours été soit dit en passant.
Plus grave, continue le philosophe dans Libération, l’État promet la sécurité à longueur de discours mais ne l’assure pas. De plus en plus, ce sont des sociétés privés qui s’en chargent.
Et d’ailleurs dans Society, les agents de sécurité s’épanchent : ils n’en peuvent plus de l’état d’urgence, Ils sont en burn-out collectif. De toutes façons dit l’un d’entre eux : « si un mec se pointe avec sa kalachnikov, ce n’est pas moi qui vais l’arrêter ». Et un autre de renchérir : « on va pas se mentir, lors des contrôles, on fait semblant ».
Et puis, ils n’ont souvent pas le matos pour agir. Dans un univers hyper concurrentiel, les clients choisissent toujours la proposition la moins cher : celle sans talkie-walkie.
Dans le Canard Enchainé de la semaine dernière, même un commissaire divisionnaire en avait marre de l’état d’urgence. Il témoignait : « au début c’était rigolo. On allait jusqu’à emmerder les droits co qui n’avaient rien à voir avec les terro. Mais on s’est lassés ».
Le Canard Enchainé répond : ils sont pas les seuls.
La sécurité c’est aussi ce que Barack Obama avait promis à ses troupes . »No boots on the ground » : pas de soldat à terre, plus de soldats derrière les drones ». Society va à la rencontre de deux soldats qui ont piloté ces drones ces dernières années, ne se sont pas mis en danger mais souffrent de graves stress post traumatiques. Il ne s’en sortent pas aussi indemnes que l’administration américaine l’aurait voulu. »
Cian Westmoreland explique que le déclic lui est venu le jour où on lui a donné une médaille. La raison : « Plus de 200 ennemis tués en 2400 missions« . Une terreur s’installe, tout cela est réel.
Le soir, il raconte : ma petite amie m’a demandé ce qu’il se passait. J’ai juste répondu que j’avais reçu un bout de papier expliquant que j’avais tué tous ces gens ».
Depuis, il rêve qu’il tue des enfants. Tout le temps.
Un article à lire dans Society donc… Et puis tant que vous avez le magazine à la main, faites-vous plaisir avec l’article sur Melania Trump. Society s’est rendu dans sa ville natale en Slovénie à Sevnica où l’on sert maintenant des tiramisus Melania Trump, des burgers Donald Trump avec une couche de fromage dessus pour faire comme ses cheveux et où surtout on espère relancer le tourisme grâce à elle.
Le maire le dit bien : « ici on a surtout de l’industrie, mais nous voulons doper le tourisme. Jusqu’ici nos avons pu compter deux fois sur le championnat du monde de pêche mais avec cette élection, nous devrions voir affluer encore plus de tourisme. »
Mention spéciale au journaliste qui a dû sourire en écrivant la triste phrase suivante
« la dernière fois que l’on a vu autant de journalistes à Sevnica , c’était en 2008 pour la mort tragique de l’ancien maire et la quasi-totalité du conseil municipal dans un accident de canoë-kayak ».
Comme quoi, on est en sécurité nulle part.