Auteur d’un curieux petit roman « d’auto-science-fiction », ce critique d’art et professeur d’histoire des idées à Limoges sort de sa « boîte à outils » trois solutions pour « tirer parti du temps qu’il nous reste ».
« Mon nom est Orpheus McFly. Mais vous pouvez m’appeler Popeye. Borgne depuis la mort de Maman. Pas trop joli à regarder. » C’est l’histoire d’un drôle de gonze qui, le jour des funérailles de sa mère, au Mans, en 2013, part avec le cadavre de cette dernière sur l’épaule, en criant : « Allez salut les motards ! Salut les moutons ! » Son noble but est le suivant : l’enterrer à Chypre, mais… en 1979. Au moyen d’une série « de fente molle, de cercle lumineux » qui lui permettent de se déplacer dans le temps, non sans quelques déraillements. Cette échappée burlesque « d’auto-science-fiction », écrite dans le sillage de deux ans de voyage en Méditerranée, est le sujet de Popeye de Chypre, le nouveau roman de Patrice Blouin, dont les 111 pages paraîtront le 11 mars aux éditions MF..
« Pendant le voyage tout va bien. Tu te promènes comme un miroir le long du chemin. Mais à chaque nouveau retour tu as plus de difficulté à te réinsérer dans la vie courante. Quand tu étais plus jeune tu intégrais sans problème l’existence collective dans le Monde Présent et les séjours solitaires dans l’Étrange Passé. Maintenant… » « … tu restes obstinément à distance à regarder pousser les gens comme des plantes figées dans leur environnement. Depuis quand tu n’es plus sorti de ta cave ? Depuis combien de jours ? Depuis combien d’années ? »
Professeur de culture générale à l’école nationale supérieure d’art de Limoges, ancien rédacteur des Cahiers du cinéma (2000-2004) et plume ponctuelle pour Les Inrocks, Artpress, Libération ou la NRF, Patrice Blouin est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le sport et ses images, d’un essai sur l’impact des blockbusters sur nos fantasmes (Magie industrielle), ou d’une trilogie de contes fantastiques (Tino et Tina, Baltern, Zoo : clinique). Pour L’Arche de Nova, ce savant « bricoleur du dimanche » sort de sa « boîte à outils » trois solutions pour « tirer parti du temps qu’il nous reste » ; il est question de temps découpé en fines tranches, suspendu ou gonflé, en s’inspirant des préceptes de la philosophie antique comme de la NBA. Time out, ref !
Réalisation : Mathieu Boudon.
Image : temps mort pour l’équipe des Chargers de New Haven, Connecticut, USA (2017).