Apparence infantile et réflexion cachée.
Paul Klee ( 1879-1940) est un peintre allemand. Il s’est trouvé – à son âge mûr – plongé dans les révolutions picturales : cubisme, dadaïsme, constructivisme, expressionisme. Pourtant, il luttera toujours contre les « formules artistiques ». Son art, d’apparence simple, est pourtant unique. Des dessins naïfs ou caricaturaux, des peintures plutôt décoratives, aux couleurs raffinées, aux formes apparemment enfantines, mais en perpétuelle évolution.
Pourtant, il écrit une « Théorie de l’Art Moderne », questionnant et expliquant la force des lignes, le pouvoir des formes, le langage des couleurs, les rythmes.
Il voyage, réfléchit, passe par le Cubisme et le Constructivisme, mais les règles de ces courants de peinture lui paraissent contraignantes et finalement paralysantes.
Seul le courant Dadaïste, plein de vie, de fantaisie, de liberté et d’ironie lui sert de modèle de départ, pour une expression libre, qui peut aller jusqu’à la caricature, ou une certaine naïveté. Professeur au Bauhaus, il finira par démissionner.
Utilisant des lignes horizontales ou des grilles, il peut à la fois expérimenter sur la technique, les couleurs libérées des formes ou du réel, parfois aussi utiliser le hasard ou les accidents, par exemple lorsqu’il décalque un dessin ou une forme.
Il aura une grande influence bien plus tard sur l’illustration, le design populaire, par son usage d’une géométrie volontairement maladroite, ou des couleurs qui ne suivent pas leurs surfaces déterminées, des personnages filiformes inachevés.
Intrigué par les propositions nombreuses de Picasso (personnages déformés, ou éclatés, représentations sauvages des choses), Paul Klee saura rester dans son style de petits formats, de colorations délicates, de recherches « anti – Art » …
Il est un des rares exemples d’artiste peintre à la fois intellectuel et sérieux, attaché à la recherche, conscient des obstacles pour évoluer, et ne tombant jamais dans aucun académisme, fut-il moderniste, ni dans aucune prétention ou gloriole de créateur. Il disait : » ne vous moquez pas de moi, je le fais très bien tout seul ».
Voilà pourquoi avec ses toiles modestes, ses grilles qui peuvent faire penser à des tapisseries ou des carreaux de salle de bain, ou ses petits signes abstraits ( dont on dit qu’ils ressembleraient à des codes de brigands, ou des alphabets magiques), il faut regarder cet artiste de plus près, pour son génie simple et sa musicalité.
Car une partie de ses œuvres fait penser à des mélodies, des accords de notes, des ambiances qui tirent vers la musique, et pourraient faire de belles pochettes de disques, ou affiches, pour du Jazz ou de la musique contemporaine.
C’est pourquoi Klee ne se démode pas, il reste le grand peintre d’une certaine harmonie, de la réflexion, de la fantaisie colorée. Il a ouvert pour toujours un regard calme et varié sur le monde des formes.
_Paul Klee. L’ironie à l’œuvre . Centre Pompidou . Du 5 avril au 1er aout 2016 .
250 œuvres réunies. 1 catalogues d’exposition + 1 livre