Cette semaine, Cheek Magazine s’intéresse à un film qui aborde le sujet du culturisme féminin. On est allé leur demander pourquoi.
Cheek Magazine, c’est un magazine en ligne qui parle de féminisme, de sexualité, de genre… On y pose parfois des questions vertigineuses, comme : « faut-il traiter un mec de petite bite ? »
En une de Cheek aujourd’hui, on trouve un film : Pearl, premier long-métrage de la réalisatrice Elsa Amiel, un film qui nous plonge dans l’univers du culturisme féminin. L’héroïne est donc très musclée, et très forte. Dans le Today’s Special du 30 janvier, Armel Hemme est allé se renseigner. Ça valait bien un coup de fil à Faustine Kopiejwski, cofondatrice du magazine.
Pourquoi est-ce que ce film vous intéresse chez Cheek ?
Faustine Kopiejwski : D’abord parce qu’il parle d’une héroïne qui a un corps absolument hors-normes. Chez Cheek Magazine on aime bien questionner les représentations de la féminité, montrer des corps assez différents de ceux qu’on peut voir dans les magazines féminins ou dans la pub. Là, clairement, on est sur un corps très très différent. Et puis derrière la caméra c’est une réalisatrice, elles sont encore trop peu nombreuses en France et on s’intéresse aussi à elles.
Vous l’avez rencontrée, qu’a-t-elle voulu raconter en choisissant une héroïne qui soulève de la fonte ?
Faustine Kopiejwski : Je crois qu’elle a voulu questionner la construction du genre, et notamment de la féminité. Elle a voulu répondre à cette question : « comment ces femmes se sentent-elles femmes dans des corps comme ceux-là ? » et puis je crois qu’au passage elle avait aussi envie de pulvériser certains clichés qui pèsent sur le bodybuilding, comme le fait que les athlètes n’ont rien dans le crâne et passent leurs journées à manger du poulet. Elle avait envie de leur offrir une histoire un peu plus étoffée que ça.
Comment sont-elles, ces femmes bodybuildeuses face à ces injonctions à la féminité, les bijoux, le maquillage… ?
Faustine Kopiejwski : C’est assez paradoxal car elles ont des corps qui présentent des caractéristiques masculines, très musclés, mais elles n’échappent finalement pas du tout aux injonctions à la féminité parce que, dans le bodybuilding féminin on note les corps, mais à la différence du bodybuilding masculin on note aussi la présentation, les bijoux, le maquillage, les bikinis… Elles sont jugées, en plus de leur performance physique, sur leur « féminité ».
Physiquement la frontière entre les genres semble s’effacer dans ce monde très étrange du bodybuilding. Qu’est-ce qui distingue les garçons des filles finalement ? Et ne me répondez pas « ce qu’ils ont dans le slip »…
Faustine Kopiejwski : (elle rit) Non, c’est plutôt ce qu’ils ont dans le portefeuille déjà, parce que c’est un monde évidemment régi par les hommes, comme beaucoup de mondes. Et puis ensuite ce qui les distingue au delà du physique, c’est que les femmes doivent affronter des regards encore plus en biais que les hommes, puisque c’est vraiment un endroit où on ne les attend pas du tout. De cette différence elles font une force, elles sont très fières d’être différentes. C’est ça aussi que nous apprend ce film.
Pearl, de Elsa Amiel. En salles.
Le Today’s Special d’Armel Hemme, du lundi au vendredi à 9h sur Nova.
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