Le folksinger est mort d’une vie bien remplie.
Pete Seeger nous a quittés, il est mort à 94 ans d’une vie bien remplie, il chantait encore l’an denier. Jusqu’au bout, le folksinger troubadour, maître de Dylan, Joan Baez ou encore Springsteen, aura été le défenseur de toutes les causes avec sa guitare en guise de fusil. Et un des rares communistes, si ce n’est le seul, a avoir été N° 1 dans les charts US. C’était en 1950, à l’aube de la guerre froide, et de la chasse aux sorcières du McCarthysme. Avec son groupe d’alors, les Weavers, il est resté au top du Top pendant rien moins que 13 semaines, toute l’Amérique chantait alors « Goodnight Irene ».
New Yorkais, né dans une famille puritaine et de gauche, il fréquente le musicologue Alan Lomax à la bibliothèque du Congrès de Washington. Puis il prend la route dès les années 30, quadrillant les USA, sautant de train en train, pour collecter les chansons des villes et des champs, croise Woody Guthrie, autre ménestrel engagé, avec qui il fonde les Almanac Singers. Au répertoire, des chansons syndicalistes et pacifistes puis antifascistes quand l’Amérique entre en guerre.
Il co-écrit « If I had a hammer » en 49, sans pouvoir l’enregistrer avant 56, censure oblige. C’est que le FBI l’a à l’œil, la parano du sénateur McCarthy est au pouvoir. Militant encarté du PC américain jusqu’en 56 (et les chars russes dans Budapest), il refuse de témoigner à son procès mais propose de chanter ! Il est condamné à 10 fois un an de prison (!) mais il est tellement populaire que sa peine ne sera jamais exécutée.
En 1959, il crée le festival folk de Newport. Parmi les découvertes des premières années, Peter Paul & Mary, Joan Baez et surtout Bob Dylan a qui quelques années plus tard il reprochera de monter sur scène avec une guitare électrique.
Ce dénonciateur au banjo et à la guitare 12 cordes est de tous les combats :
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pour les Droits Civiques, aux côtés de Martin Luther King, il écrit et chante « We shall overcome », l’hymne des rassemblements protestataires jusqu’à aujourd’hui.
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Défense du dialogue avec Cuba en plein blocus anticastriste, il reprend « Guantanamera », l’emblématique chanson de José Marti.
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Il est au premier rang des opposants à la guerre au Vietnam et dénonce le bourbier dans lequel, barbotte l’armée US, avec sa chanson « Waist deep in big muddy »
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Il est un des pionniers du mouvement écolo américain, dès la fin des années 60, avec une campagne contre la pollution de l’Hudson, le fleuve au bord duquel il réside, « Hudson river sloop clearwater ».
Il continue ses tournées de folk singer, participe aux hootenanies, ces scènes ouvertes de la galaxie folk, il sera même parrain d’un hootenanny parisien que j’ai monté en 67.
Ce n’est que dans la dernière décennie du siècle dernier qu’il est « reconnu » par le milieu musical, recevant un Grammy Award pour l’ensemble de son œuvre en 1993 puis entrant dans le « Rock & Roll Hall of Fame » en 1996. Trois autre Grammies suivront dans les années 2000. En 2006, c’stun autre de ses dscendnts musicaux, The Boss, Bruce Springsteen qui enregistre « The Seeger Sessions », un disque acoustique. Et le même
Springsteen l’invite à chanter avec lui « This land is your land » de Woody Guthrie en 2009 pour l’investiture d’Obama.
Seul regret, ses adaptateurs français : Claude François piaillant « Si j’avais un marteau » et Dalida roucoulant « Que sont devenues les fleurs », ça fait déplaner.
Retrouvez Pete Seeger avec Bintou Simporé et RKK dimanche 2 février dans Neo Geo