Notamment l’évacuation des 13 000 habitants d’une ville jordanienne après l’atterrissage d’une soucoupe volante.
La chronique loin de Clémentine Spiler, c’est tous les lundis à 8h40 dans Pour que tu rêves encore, la matinale de Nova. Si vous n’êtes pas du matin, vous pouvez écouter cette chronique en podcast, ou bien la lire, ci-dessous.
On a failli vous faire une fausse chronique ce matin pour le 1er avril, mais en ces temps de fake news, ça nous a semblé risqué. Surtout que l’histoire a montré que les blagues des médias pouvaient très mal tourner et qu’il faut savoir assumer les conséquences d’un humour douteux – ce qui n’est pas notre cas. Mais nous y reviendrons.
Du fun international
Sachez d’abord que le 1er avril est loin d’être une tradition uniquement française puisqu’elle est répandue dans le monde entier – bien que chacun y aille de sa petite spécificité. En Angleterre, en Pologne, en Italie, la tradition est similaire à celle de la France et inclut une référence aux poissons (« pesce d’aprile », « April’s fool »).
Au Portugal et au Brésil on l’appelle « le jour des mensonges » et on privilégie plutôt une technique d’enfarinement par surprise, tandis qu’en Russie, le « jour des fous » est plus institutionnalisé : on en profite pour aller voir des spectacles d’humoristes ou de stand-up.
En Grèce, on considère qu’une blague réussie portera chance toute l’année à son responsable. En Écosse, on a carrément rajouté un deuxième jour de fun : le premier avril « Hunt the Gowk day » est dédié à la chasse aux imbéciles, alors que le 2 avril, « Tailie Day » consiste à se coller des queues d’animaux ou des panneaux « Kick me » dans le dos pour encourager les coups de pied aux fesses.
Par ailleurs, les influences coloniales à travers l’Histoire ont importé cette tradition jusqu’en Inde et au Liban. En Iran, le 1er avril coïncide souvent avec une fête nationale qui se tient au treizième jour de l’année selon le calendrier iranien (qui débute fin février). Une sorte de premier de l’an dont la tradition qu’on fête en jouant des tours à ses amis.
Du fun mystérieux
C’est ce qu’on appelle un marronnier. Chaque année, des articles (exactement comme celui qu’on est en train de vous écrire) sont publiés pour expliquer qu’on ne sait pas d’où vient la tradition du 1er avril et évoquer les principales hypothèses.
D’abord, la question principale que vous vous posez est évidemment : « C’est quoi cette obsessions du poisson ? ». Certains pensent que l’influence est chrétienne, puisque le 1er avril coïncide avec les derniers jours du Carême, pendant lequel il fallait s’abstenir de manger de la viande et se rabattre sur le poisson. Ce qui n’explique pas les blagues. L’espièglerie de la tradition pourrait venir des fêtes du printemps, communes à de nombreuses cultures, dans lesquelles on fêtait le retour des beaux jours et tout le monde devenait un peu fou (ou ivre).
L’une de ces explications potentielles tient un peu plus la route que les autres et c’est en général celle qui est retenue. C’est une histoire de calendrier. Au XVIe siècle, le changement de calendrier, entre julien et grégorien, aurait créé quelques confusions, notamment parce qu’il a déplacé le début de l’année au premier janvier, alors qu’il se situait jusque-là au 1er avril. Il était donc coutume de faire une blague à ses voisins en leur faisant croire que la nouvelle année se fêtait toujours le 1er avril et de se moquer d’eux lorsqu’ils y croyaient. Ce qui aurait donné le termes anglais « April’s fool », les teubés d’avril.
Du fun à travers le temps
Le plus drôle dans tout ça, est que la tradition a traversé les siècles à l’image d’une fête religieuse. Même si les blagues se sont modernisées avec le temps. La raison pour laquelle on ne s’est pas risqué à vous en faire ce matin, c’est aussi parce que que le monde a une longue histoire de blagues de 1er avril dangereusement ratées.
Lorsque les blagues ne sont plus drôles du tout…
En Grèce, en 1982 par exemple, la radio nationale a annoncé l’évacuation d’Athènes à cause d’un niveau de pollution trop élevé (c’était ça la blague), sauf que les habitants ont vraiment commencé à évacuer. L’histoire est allée jusqu’au tribunal et à la démission du directeur. Dans le même genre, dans les années 80, le présentateur d’une télé locale de Boston a annoncé l’éruption d’une colline qui aurait en fait été un volcan. Panique générale.
Pire, en 86, c’est un officier du renseignement israélien qui décide de faire une blague à son supérieur, le ministre de la Défense et lui annonce dans un faux rapport une tentative d’assassinat contre un leader politique libanais dans lequel celui-ci aurait failli mourir. On doute légèrement de l’intérêt humoristique de la blague, surtout que le rapport en question a fuité dans les médias et qu’il a failli déclencher une guerre avant d’être démenti.
On pourrait se dire qu’il faut juste éviter les sujets politiques. Mais il s’avère que même les inventions les plus farfelues peuvent créer la panique lorsqu’elles sont relayées médiatiquement. On pense notamment au maire de Jafr, en Jordanie, qui a fait évacuer les 13 000 habitants de sa ville le 1er avril 2010 après qu’un journal local a annoncé l’atterrissage d’une soucoupe volante dans les environs.
Et puis notre palme va à Burger King qui se fait un plaisir chaque année de profiter du 1er avril pour laisser s’exprimer sa créativité (et faire un bon coup de com). Le 1er avril 2002, la chaîne de fast-food a annoncé qu’elle commercialisait un Whopper (son hamburger emblématique) pour gauchers. Plus facile à manger pour les gauchers. Mais toujours rond. Une publicité sans aucun sens qui a pourtant réussi à attirer les foules et à bloquer la circulation dans de nombreuses villes américaines. (PS : Burger King on vous voit avec la sauce épicée Hamza).
Le WTF du jour : @BurgerKingFR s’associe à @HamzaSauceGod et lance la #SauceGodBK, dispo dans tous les restaurants de France et de Belgique ?? ! #whatatimetobealivehttps://t.co/WYQuqXPLXg
— BACKPACKERZ (@TheBackPackerz) April 1, 2019