Le Gift Shop du Grand Mix emmène Mickey du côté obscur
Un Gift Shop du Grand Mix qui prend ses quartiers dans les univers parallèles avec l’expo Phantasia à Lille au Tri Postal jusqu’au 13 janvier.
Sur 3 étages et d’impressionnants volumes se déclinent les mondes intérieurs fantasmés d’artistes internationaux.
L’artiste punk Marnie Weber et son installation globale « La Chambre des murmures », donnent au visiteur le sentiment d’entrer dans une maison désuète, habitée de créatures terrifiantes mais un peu délaissées, un Autant en Emporte le Vent en noces funèbres.
On passe de ces nostalgies monstrueuses de conte de fée à la science fictions 80’s qui déjà les rejoint, car déjà révolue et désuète avec le norvégien Borre Saethre, qui fait d’un James Bond, l’habitat d’une Licorne…
On fait un détour dans les choses qui, d’un coup, clochent sévère, avec les ascenseurs de l’argentin plasticien illusionniste baroque Leandro Erlich. Quant au danseur chorégraphe américain Nick Cave, avec sa forêt et ses « soundsuits », il se place comme le clou vidéo et couture d’un spectacle qui balance entre humour et horreur, qui se tient en fragile équilibre, comme la psyché de celui qui le contemple.
Nos perceptions éprouvées, on pénètre dans une petite salle sombre pour la plus prenante des installations de Phantazia. La fascination, tel doit être le Tenth Sentiment de Ryota Kuwakubo….
Comme dans tout bon univers qui à la tête en l’envers, on finit par le commencement, et puis on est un peu chauvin aussi. Le français Théo Mercier place son solitaire à l’entrée du royaume. Une statue monumentale du en spaghetti accueille le visiteur. C’est Caron sur sa barque attendant pour mener de l’autre côté de la rive des enfers. Caron est un géant et mélancolique gardien de musée.
Le solitaire vous regarde avec tristesse pénétrer dans Desperanza l’univers macabre, fou, burlesque et pour le coup sacrément terrifiant de l’artiste, une civilisation imaginaire qui explore le decorum de la « muerte » mexicaine et le western occidental tarentinesque.
Un cheval taille réelle écorché vif et en décomposition, y côtoie des dizaines de squelettes en série, taillés dans de l’os, et des familles de fantômes de retour d’un parc Disney et noyées dans la fumée des cigarettes. Dans la grand rue de Desperenza, ça clope sec. Au bout de la salle, à l’écart, un grand bouc de 4 mètre de haut écorché lui aussi, et lui aussi pourrissant, fume une cigarette assis, comme surpris durant une pause songeuse, entre 2 boulots pas forcément marrants… « Satan la clope » il s’appelle.
L’humain est ce qui finit par déranger et terrifier dans ce monde de Desperanza, servi à la perfection par la poésie trouble des textes de l’écrivain Jérôme Lambert qui, par ces vers, tel un sésame morbide, ouvre à la volée les portes du saloon macabre comme on ouvrirait celle de l’enfer:
« Venus de Desperenza en rugissant,
Venus du pays où l’on tue les enfants.
Venus de Desperenza, pays cruel,
Là où on étouffe les salauds dans le sel.
Ils forment une troupe des plus dévastatrices.
Ils sont fantômes, esprits, zombies et spectres blancs,
Ils sont vieillards, adultes, animaux et enfants,
Et les routes qu’ils parcourent portent des cicatrices.
Venus de Desperenza en rugissant,
Venus du pays qui boit son propre sang.
Venus de Desperenza, pays cruel,
Là où on fabrique les cauchemars au scalpel.
Dégagez le passage ! Sabots dans la poussière,
Grand Bouc vénérable, fier et défoncé,
Conduit son long troupeau de corps décharnés
De fureur et de chair, de rage et de misère.
Venus de Desperenza en pleurant,
Venus du pays des morts-vivants.
Venus de Desperenza, pays de fiel,
Où les corps morts se ramassent à la pelle. »
Et quand vous aurez fini l’expo, promenez-vous dans Lille avec une momie, le Tri Postal vous la prête pour 24h, soyez nécrolille en somme…
PHANTASIA au Tri Postal (Tripo) jusqu’au 13 janvier
Paris Gare du Nord-Lille : 1h/ Boulogne Sur Mer-Lille: 1h02/Reims-Lille: 1h30
Amiens/ Lille: 1h30