Pour son projet « Good Sick », le photographe Jordan Baumgarten montre les effets dévastateurs de la crise des opioïdes.
Good Sick, c’est une expression familière qui désigne, en langue anglaise, la nausée qui suit une injection d’héroïne. Deux mots que le photographe américain Jordan Baumgarten a eu l’occasion d’entendre à de nombreuses reprises, alors qu’il se baladait dans son quartier, Kensington, à Philadelphie. Un quartier ravagé par la crise des opioïdes, véritable fléau sanitaire aux États-Unis qui correspond, au sein de la population, à l’augmentation de la prise d’antalgiques puissants à base d’opium – des antalgiques proches de l’héroïne. En 2018, l’épidémie aurait causé la mort de 72 000 personnes.
À Kensington, la crise économique a laissé derrière elle des « usines abandonnées » et des maisons délaissées, devenues des « marchés de drogues à ciel ouvert », comme l’explique Jordan Baumgarten dans Feature Shoot, « Dans les années 80, il y a eu une épidémie de crack. Dans les années 90, c’était l’héroïne. Autour de ça, des prescriptions d’opioïdes très fortes son arrivées sur le marché et leurs ventes étaient largement poussées par les docteurs et les compagnies pharmaceutiques, ce qui a créé une génération d’addicts. »
Il ajoute : « Désormais, nous sommes en 2018 et l’héroïne n’a jamais été aussi peu chère et aussi facile à se faire prescrire comme médicament ».
Entre 2012 et 2017 Jordan Baumgarten se décide à prendre en photo le chaos, celui de son quartier, de ces rues où il croise des personnes nues, des prostituées enceintes, des bâtiments en feu. Ces clichés, il les compile dans un livre, Good Sick, publié par GOST Books. Il y écrit : « Les photographies dans ce livre dépeignent le chaos, la nature qui prend le pas sur le décline urbain, une certaine ambiguïté entre la magie et l’obscurité ».
Une sélection de photographies extraites du livre :