Vous retouchez les photos de vous que vous publiez sur vos réseaux sociaux ? Pas de honte, c’est ok de tricher un peu, de s’embellir, c’est la règle du jeu. Parce que figurez-vous que retoucher son visage n’est pas nouveau. Les personnalités le faisaient déjà au 17ᵉ siècle sur leurs portraits et on en a la preuve.
C’est en travaillant sur le portrait d’une notable britannique que des restaurateurs se sont aperçus que le visage en question avait été retouché, repeint en certains endroits, pour lui affiner les traits, notamment le nez, lui donner des lèvres plus pulpeuses et faire en sorte que son front soit plus petit. On pensait la pratique des retouches photo relativement récentes avec l’avènement des nouvelles technologies, Instagram en tête, que nenni, la retouche, non pas des photos, mais des portraits, semble bien plus ancienne.
Le tableau qui a permis de s’en rendre compte est signé Cornelius Johnson, il date de 1634. Il représente Diana Cecil, une noble descendante de Lord Burghley, un des amis les plus proches d’Elizabeth I. C’est en travaillant à la restauration de ce tableau que les conservateurs du English Heritage, l’organisme en charge de la préservation du patrimoine historique en Angleterre, se sont rendu compte qu’il avait été modifié quelques années après avoir été peint. En analysant le tableau, ils se sont aperçu que la bouche pulpeuse de la dame cachait en réalité une bouche beaucoup plus fine, idem pour son nez, plus empâté sur la version originale‧ Ses cheveux ont aussi été retouchés : ils sont beaucoup plus fournis sur la seconde version, ce qui cache une partie du front de la comtesse, qui apparait alors moins large.
La Diana Cecil a retrouvé son visage original ! Celles et ceux qui ont restauré le tableau ont enlevé les couches qui avaient été ajoutées, et Diana Cecil a retrouvé son vrai visage. D’ailleurs, si vous êtes dans le coin, sachez que son portrait est présenté depuis la fin de la semaine dernière, à la villa néoclassique de Kenwood, à Londres.
D’autres cas de retouches sur des portraits de femmes
Mais est-ce qu’on peut se fier à un seul exemple ? Ce n’est pas la première fois que des conservateurs observent des retouches sur les peintures. En 2014 déjà, grâce à des analyses sur un portrait d’Eleanor Toledo peint par le maniériste italien Bronzino, on s’est aperçu que la peau, le regard, les mains de la jeune femme avaient été jugés trop « parfaits ». Au point que le tableau avait d’abord été soupçonné d’être un faux. C’est en retirant le vernis de la peinture, que les experts avaient fait une découverte incroyable. Le portrait s’était avéré être celui d’Isabelle de Médicis, réalisé par Allessandro Alori en 1574. Depuis qu’il a été restauré, on y reconnaît le visage d’une femme plus âgée avec un nez légèrement crochu, des cernes sous les yeux, un double menton et des mains boudinées. Une représentation beaucoup plus réaliste.