Sa voix grave et grumeleuse, presque irréelle, incarne à elle seule tout un genre musical.
C’est « il principe » de la dance italienne qui deviendra plus tard l’ »italo disco ». Pino D’Angiò n’est plus.
Né à Pompéi, Pino D’Angiò est mort le 6 juillet dernier à Rome à l’âge de 71 ans. Son titre culte « Ma quale idea » est le premier morceau dance italien à jouer dans les discothèques. Sorti en 1980, il fait la parodie du dragueur relou, du rital sûr de serrer ce soir.
Dans le clip, Giuseppe Chierchia a.k.a Pino D’Angiò se tient, clope à la main, dans une veste croisée en cuir. Il égrène ses punchlines trop vantardes et la petite voix du refrain lui répond “mais quelle idée, tu ne vois pas qu’elle s’en fout de toi ?”.
Ce tube est considéré comme l’une des premières chansons de rap en italien avec « Prisencolinensinainciusol », de l’autre star italienne Adriano Celentano.
« Ma quale idea » s’était vendu à 12 millions d’exemplaires dans le monde, mais Pino D’Angiò n’a pas fait que cela.
On se souvient aussi d’« Una notte da impazzire » :
D’Angiò est aussi le fondateur de la trance avec « The Age Of Love ».
Ce morceau, composé en 1990, cumule trente millions de vues sur YouTube, une dizaine de versions différentes et on peut le trouver sur plus de 400 compilations.
Acteur, doubleur, producteur de musique, auteur pour la télévision, la radio, il a fait du théâtre et a même présenté l’élection de Miss Univers au Venezuela. À 62 ans, il sortait un nouvel album Dagli italiani a Beethoven (2016).
« Le hip-hop n’est pas fait pour nous. »
Pino D’Angiò
La star de la musique avait aussi un avis très tranché sur le rap actuel italien :
« Le hip-hop n’est pas fait pour nous. Ça ne correspond à rien de chez nous : la langue, la culture, la tradition, la jeunesse italienne… C’est comme si les Américains se mettaient à chanter « Mia bella Madunina » ou les Allemands à écrire un tango. Par pitié… Chacun son truc.
Quelques-uns (mais vraiment peu) font du bon rap, et je leur tire vraiment mon chapeau, mais il y a vraiment peu de bonnes choses. Mon rap était une blague, très ironique… mais le vrai rap, aujourd’hui, est une protestation sociale, alors qu’ici, c’est quasiment toujours une caricature sans intérêt. Je vois et j’entends des choses qui me font de la peine, et je n’exagère pas. »
Un franc-parler et une sacrée liberté
En tout cas, Pino D’Angiò avait un franc-parler certain et une sacrée liberté. En 2016, lorsqu’un journaliste de Vice le questionnait sur ses prochains projets, il répondait :
“Tu ne vas pas me croire, mais je n’en ai pas la moindre idée. Je n’ai jamais su ce que j’allais faire le lendemain, et c’est toujours le cas aujourd’hui. J’ai énormément d’envies, mais certaines, sans prévenir, disparaissent subitement.«
« J’ai beaucoup de rêves dans mon coffre-fort, mais j’ai perdu les clefs. »
Pino D’Angiò
Une chose est certaine, Pino et son génie musical vont (beaucoup) nous manquer.