Qu’est ce qu’être une femme ? En voilà une question complexe. Elle est au centre du travail de Nine Antico. D’abord dans ses BD. Aujourd’hui au cinéma avec Playlist, son premier long-métrage. Les deux se mélangent un peu quand le carnet de route d’une quasi-trentenaire reprend des éléments d’un des albums Girls don’t cry. Mais trempe aussi le pied dans quelque chose qui tient de l’autobiographie, puisque Sophie, le personnage principal de Playlist, entre deux crushes pour des mecs, voudrait bien faire de la BD et se met même à bosser pour une maison d’édition indépendante qui ressemble beaucoup à celles par lesquelles est passée Antico. De la même manière qu’à relire ses premiers albums, la sensation que l’autrice cherchait son trait s’affinait, Sophie cherche sa ligne directrice. Playlist démêle les drôles de fils de cette pelote existentielle, jusqu’à devenir bien plus collectif que prévu, que ce soit en captant une sororité, particulièrement crédible entre Sara Forestier et Laetitia Dosch, épatant duo de copines du film, mais sans doute plus encore d’une identité féminine. Antico en fait le fil rouge d’une chronique d’un désordre générationnel, celui de trentenaires qui ne savent toujours pas vraiment ce qu’elles veulent, ni ce qu’elles sont. A l’inverse de sa photo du film, rien n’est ni tout, ni tout blanc dans Playlist. C’est justement ce qui fait son charme, cet entre-deux entre désirs et vocations, envies et obligations sociales, coups de folie et coups de cafard. Voire de punaises de lit dans un film qui ne manque pas de piquant.
En salles le 2 juin. Des places à gagner juste ICI