L’ascension d’une ambitieuse pornstar met à poil les nouveaux rapports sociaux.
Dans la séquence d’ouverture de Pleasure, une jeune suédoise débarque à Los Angeles. À la douane, lui est posée la traditionnelle question de contrôle « Are you here for business or pleasure ?» Le film de Ninja Thyberg pose d’emblée sa thématique : Linnéa est venue d’Europe dans l’espoir de devenir la plus célèbre des pornstars, quitte à devoir faire son trou dans le porno le plus extrême.
Pleasure achève l’imagerie du porno chic en s’immergeant dans les coulisses de cette industrie actuelle, régie depuis que ce registre est devenu essentiellement visible sur le Net, par la nécéssité commerciale d’un toujours plus. Thyberg se refuse pour autant à faire le procès de ce milieu en le présentant avant tout comme un univers de travail, avec des codes particuliers mais en filigrane les même dérives dans les rapports de pouvoir, de soumission, d’égalité hommes-femmes que dans la plupart des environnements professionnels. Le regard posé est clinique, cru et cul. Mais c’est la franchise de ce qui tient d’une rigoureuse étude sociologique voire anthropologique qui surprend, Pleasure ne parlant finalement pas tant du porno tel qu’il se fait aujourd’hui, que de sa part de reflet de l’époque contemporaine.
Une fois rhabillée d’un nom de scène, Linnéa devenue Bella Cherry, se fait esquisse d’un portrait d’une génération décomplexée que ce soit dans son rapport à la sexualité, à la célébrité, l’argent comme à l’incarnation de soi par l’image. Le monde moderne selon Thyberg est fait de contrats, de relations factices, d’une hiérarchie économique reposant sur l’exploitation, dont les échelons peuvent se grimper en string ou en talons aiguilles, mais surtout en écrasant les autres. Un monde basé sur un principe de compétition permanente qui n’est qu’un miroir aux vanités. Pleasure avertissant qu’une fois traversé, il sera difficile de faire marche arrière.
En salles mercredi 20 octobre.