Par Nova Production.
Aujourd’hui, direction l’Australie où je vais vous parler d’un scandale qui ne cesse de faire les gros titres de la presse nationale.
Le 24 mai dernier, à Juukan, dans l’Ouest du pays, un événement a priori anodin va créer une forte déflagration dans le pays.
A cette date, Rio Tinto, le numéro 2 mondial des mines, annonce fièrement qu’il vient d’ouvrir une nouvelle mine de fer, à coup de dynamite, dont la valeur est estimée à 135 millions de dollars australiens
Pour l’entreprise et la région, c’est la promesse de nouveaux emplois et surtout de juteux profits.
A Rio Tinto, on sabre le champagne et on célèbre déjà les bonus qui viendront récompenser le bon travail des dirigeants du groupe.
Sauf que dans cette histoire, un gros grain de sable va venir perturber la bonne ambiance.
Le lendemain, on apprend en effet que pour ouvrir sa mine, Rio Tinto a tout simplement dynamité l’un des plus anciens sites aborigènes du pays.
Un ensemble de grottes, ayant été habitées par les premiers Australiens il y a plus de 46 000 ans sont parties en fumée pour permettre l’ouverture de la mine.
A titre de comparaison ce site, d’une valeur archéologique inestimable, était deux fois plus ancien que notre célèbre grotte de Lascaux.
Chez les Aborigènes d’Australie, l’annonce de cette destruction provoque un séisme. Partout dans le pays, la colère gronde et rapidement des manifestations sont organisées pour réclamer des sanctions à l’encontre de Rio Tinto.
Face à la pression de la rue, l’assemblée nationale australienne se voit contrainte d’ouvrir une enquête. Les dirigeants du groupe minier sont alors convoqués et passent sur le grill de la commission parlementaire spécialement créé après l’incident.
Devant les députés, un homme concentre toute l’attention des médias et du public. Il s’agit d’un Français. Un certain Jean-Sébastien Jacques, qui n’est autre que le président de Rio Tinto. Devant la commission, ce dernier plaide la bonne foi et explique qu’il ne savait tout simplement pas que les grottes étaient si importantes.
L’ennui, c’est que les députés ont mis la main sur un rapport datant de 2018 et commandé par l’entreprise Rio Tinto elle-même, qui expliquait deux ans avant la destruction des grottes, que ces dernières étaient je cite de “la plus haute valeur archéologique en Australie.”
Après cette audition, la pression ne retombe pas et Jean-Sébastien Jacques est contraint à la démissionner.
Mais l’histoire ne s’arrête malheureusement pas là.
Le quotidien britannique The Guardian, révèle cette semaine une nouvelle information. Afin d’étendre de nouveaux sites miniers, Rio Tinto prévoit de détruire 124 sites culturels supplémentaires.
Un véritable carnage qui aurait en plus reçu l’accord du gouvernement australien…
Pour comprendre, Il faut savoir qu’en Australie, l’industrie minière fait la pluie et le beau temps.
Un Australien sur 10 travaillent dans ce secteur qui représente à lui seul près de 8% du PIB national.
Dans ce pays les groupes miniers sont si puissants qu’ils empêchent par exemple toute législation sur l’environnement ou toute règle visant à protéger les sites culturels aborigènes.
Il n’est donc pas étonnant de voir les autorités soutenir la création de nouvelles mines dans le pays, même si pour cela, il faut détruire le patrimoine.
Ces peuples, les plus discriminés du pays, restent considérés comme des citoyens de seconde zone.
Entre quelques grottes et les milliards de dollars qui proviennent de l’exploitation du sous-sol, le calcul est donc vite fait pour les autorités
Pourtant, le dynamitage des grottes de Juukan pourrait bien changer les choses. Ce scandale a provoqué une onde de choc inédite dans le pays.
Beaucoup espèrent que le mouvement naît en mai dernier permettra d’empêcher de nouvelles destructions et fera voter une loi pour protéger le patrimoine des natifs australiens.
Pour terminer cette chronique, je vous propose de vous quitter avec cette chanson. Elle est l’oeuvre de Yothu Yindi, un artiste aborigène qui fut le premier à se classer n°1 des ventes en Australie. C’était en 1991.
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