#CannesSoWhite
Pour sa 70e édition, le festival de Cannes est fidèle à ses habitudes. Il n’y aucun réalisateur noir dans la sélection officielle. Il n’y en a d’ailleurs pas eu depuis quatre ans – depuis le Timbuktu d’Abderrahmane Sissako. Ni en compétition, ni même en projection d’ailleurs. Les réalisatrices et réalisateurs noirs manquent à l’appel.
C’est l’objet d’une tribune publiée dans Dazed. Il n’y est pas question de faire un procès en racisme au Festival, mais plutôt d’observer comment ses rouages excluent automatiquement la diversité. Tous les ans, on tire la sonnette d’alarme sur la petite place réservées aux femmes réalisatrices dans la sélection. Rarement se pose-t-on la question de celle réservée à la diversité (et on ne vous parle même pas des femmes issues de cette diversité).
Heureusement, il y a eu Houda, et son franc-parler.
« C’est pas pour nous. »
L’une des questions que se pose Grace Barber-Plentie, l’auteure de cette tribune est : « Les programmateurs trouvent-ils que les réalisateurs noirs ne font pas des films dignes de Cannes ? Qu’est-ce qu’un film digne de Cannes lorsqu’on sait que Shrek 2 était en compétition en 2004 ? »
Il faut donc regarder le problème du point de vue de l’industrie cinématographique française. Et la journaliste de remarquer que les films français traitant la question de l’ethnicité et de l’identité (La Haine, Bande de filles, Dheepan) et qui ont rencontré le succès au Festival de Cannes ont, pour beaucoup, été faits par des réalisateurs blancs.
Si les Oscars commencent à comprendre que le cinéma afro-américain mérite le détour – surtout cette année avec les incroyables Moonlight, I am not your Negro et Fences – Cannes n’en est pas encore là.
La caméra d’or remise à Houda Benyamina en 2016 pour l’excellent Divines a laissé entrer une bouffée d’air frais au Palais des festivals, et lui a permis de pousser un coup de gueule bien mérité.
Le sacre de son actrice Déborah Lukumuena aux Césars comme meilleurs actrice dans un second rôle témoigne de la passion d’une nouvelle génération qui veut bouleverser ce petit monde tout blanc où l’on adule les Charlotte Gainsbourg et les Lily Rose-Depp, mais où les actrices et réalisatrices de la diversité ne font souvent qu’un passage éclair sous les projecteurs.
La touchante Déborah Lukumuena, César du… par CinemaCanalPlus
Maïmouna Doucouré, récompensée du César du meilleur court-métrage racontait sur la scène du théâtre du Châtelet en février dernier : « Quand j’ai dit à ma mère que je voulais faire du cinéma, elle m’a dit : ‘C’est pas pour nous. Est-ce que tu vois des gens qui te ressemblent ?’ » Maintenant oui. Il serait temps que Cannes le comprenne.
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