La chronique de Jean Rouzaud
Au nombre des quantités de divisions, genres et sous-genres du Rock et de la Pop se trouve cette case floue, qui déborde à droite sur un peu tout, presque sans définition : la Power Pop…
J’en étais resté au « Power Chords », ces merveilleux riffs de guitare puissants, électriques, utilisés par les Who, Kinks, Troggs, Pretty Things… qui avaient imposé la « British Invasion » mondiale, avant que d’autres, comme Marc Bolan (T. Rex ) ou Bowie ne les ressortent pour renforcer un Glam Rock, oncle glitter méconnu du Punk.
La catégorie Power Pop, elle, se revendique des Beatles, guitares, mélodies et chœurs, cherchant rythme et harmonie, pour un mélange qui se veut à la fois dansant et souriant, en gardant l’énergie première des Anglais… Pari bizarre, où il y a très peu de réussite.
Peu d’élus sur ce créneau, mais sur lequel s’escriment des quantités de groupes, souvent américains (ma théorie étant que les US ne se sont jamais remis des l’invasion anglaise qui a bousculé leurs roots : Folk, Blues, Rock et Pop…)
Christophe Brault propose un parcours héroïque de près de 100 groupes aux éditions Le Mot et le Reste… J’adore ces historiques dont on ne connaît que dix groupes sur 100 (!) ça rend modeste.
Le Power Pop, contraire du Rock ?
Il faut dire que le diktat Rock planétaire fut longtemps (et reste ?) que le Rock se devait d’être trash ou violent ou suicidaire ou pervers ou asexué ou noir, dépressif, désespéré et dans le meilleur des cas, se terminer par un suicide ou une auto destruction… Vous connaissez ?
On a donc inventé « Power Pop », pour séparer un Rock énergique, parfois nerveux et tranchant, mais trop positif et FM, un truc pour ados qui ont envie de danser plus que de se révolter…
Donc voici les initiateurs : Badfinger, Flamin’ Groovies, Big Star, Raspberries… Grâce au gnon Punk, une autre vague avec Cars, Knack et surtout Blondie (Debby Harry), qui s’est permis de passer du Punk au Disco, du Rap au Jazz, et dominer quelques morceaux « Power Pop » : normal, c’est un truc d’Arlequin, d’équilibristes, un peu risque tout, donc casse-gueule… qui s’est pourtant développé sur tous les continents.
Pour chaque double page un groupe, une pochette, des liens avec d’autres groupes cousins et une description détaillée du genre, plus ou moins Rock, plus ou moins réussi, avec des leaders : The Romantics, The Beat, The Plimsouls, Gogo’s, Jack Lee entre autres, dixit l’auteur…(si on met à part des inclassables comme Flamin’ Groovies, Debbie Harry, Badfinger, Nick Lowe… et d’autres outsiders).
Un livre compilation, cultivé et complet, révélant la partie immergée de l’iceberg Pop-Rock : un vertige si on imagine la quantité d’autres formations éphémères, inclassables, oubliées et perdues, dans les marges du Rock…
Power pop. Mélodies, chœurs & Rock and Roll. Par Christophe Brault. Éditions Le Mot et le Reste. 256 pages. 20 euros. Avec à la fin : liste des sites, podcasts, livres, blogs, top 100… Bonne idée !
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