La chronique de Jean Rouzaud.
Les Éditions Nova ont le mérite et l’honneur de publier un nouveau pavé Punk is not dead, véritable annuaire de référence, avec 200 entrées de groupes, concepts, lieux, idées, attitudes, fanzines et évènements sur quarante ans de Punk français…
40 ans et un aide-mémoire pour le punk français
Même format et excellente maquette que mon Contre-culture (déjà aux Éditions Nova), en rose au lieu de jaune, ce livre épais et ramassé de plus de 200 pages, n’a rien oublié de l’odyssée Punk française, avec ses centaines de groupes sur tout le territoire.
Luc Robène et Solveig Serre (co-auteurs et centralisateurs de cette « somme ») ont écrit et fait appel à tous les passionnés, connaisseurs régionaux, afin de couvrir tant d’informations.
Le travail de ce livre, ces indications et références, en textes courts et pertinents, sans aucune lourdeur ni redondances, est un véritable aide-mémoire juste et précis, de cette révolution mondiale et souterraine.
Toutes les villes de France sont concernées, les groupes s’alignent, avec éclat, malgré les galères et les ruptures. La France ne fut pas tendre avec ce mouvement qui nourrit encore la planète, si frais et désintéressé, qui a permis tant de connexions avec d’autres pays, qui a réveillé des générations entières, leur apprenant à se méfier de la consommation et du marketing, et à roder leurs armes politiques et revendicatrices.
La saga mondiale du Punk, avec ses coups d’éclats, ses trouvailles et ses déboires, ne peut pas laisser indifférent. Même les hippies, les rockeurs, les hardeux, Grunge, artistes ou performeurs s’y sont reconnu et y ont picoré bien des graines.
L’esthétique du mouvement, qu’elle vienne des Dadaïstes ou des Lettristes, n’en est pas moins forte et a répandu son style partout jusque dans la mode, peinture, littérature et bien sur photos et magazines.
Bien des auteurs, éditeurs, artistes ont collaboré à ce livre, bourré à craquer d’histoires, de personnages et d’informations, toujours passionnés et émouvants, en dehors des médias officiels, sourds et aveugles, confits dans leurs habitudes de clans endormis.
Les auteurs-rassembleurs de ce lexique PIND (« Punk Is Not Dead », slogan devenu association et sauvegarde des connaissances du Punk), sont, comme tous les participants, des créateurs ou artistes punks, nous rappelant que ce mouvement culturel a toujours engagé tout le monde.
Romantisme et clous sur les vestes
Pour ceux que l’on a poussé à dénigrer les Punks, selon la caricature de jeunes déguisés en rockeurs clochards, agressifs et déjetés, je rappelle les origines Glamrock et même Mods anglais, et le raffinement culturel de ce mouvement TRÈS romantique, plein de contradictions et, certes d’aspérités (crêtes, clous, épingles, crachats, tête de mort, etc.)
Ces excès venaient de la déception et de la rage devant des sociétés frileuses et sans avenir honorable, pour des foules de gens pleins de vie, mais se sentant abandonnés et méprisés dans leurs idéaux.
Du coup : insultes, bagarres et rejets ont donné une image uniquement dure (comme dans la plupart des mouvements révolutionnaires), et parfois aussi des quiproquos sur des concepts mal compris (fascisme, guerre, symboles nazis ou politiques détournés…), qui n’étaient là que par détournement plastique ou idéologique.
Il serait bon de réfléchir et de comprendre les vrais enjeux, l’ouverture que crée les mouvements idéologiques, pour nous tous. Le Rap, le Grunge et la Techno ont bien profité des coups de pieds punks pour ouvrir les portes…
Le Punk n’est que l’une des nombreuses incarnations populaires de révolte contre les injustices, les refus et autres blocages dus à l’inculture de gouvernements craintifs et finalement méprisants.
PIND. Punk Is Not Dead. Lexique Franco Punk. Par Solveig Serre et Luc Robène (+ une bonne dizaine de collaborateurs signatures ). Éditions Nova. 178 chapitres-articles, par ordre alphabétique. Des débuts du mouvement jusqu’à aujourd’hui. 15 euros.
PS : impossible de citer ville ou nom de groupe ! Ils sont quasiment tous là, des quatre coins de la France, avec leurs ramifications à l’étranger. Ce véritable document devrait être à la Bibliothèque nationale. Galerie ci-dessous.
Visuel © Éditions Nova