Trois producteurs explorent l’histoire musicale de l’Uruguay sur un nouvel EP, « Memorias ».
« La sélection s’est faite de manière hyper intuitive. Ce sont des morceaux qui me plaisaient, avec beaucoup de percussions, qui forment une grande partie de l’histoire musicale de l’Uruguay ». En 2017, lors de la dernière édition des Siestes Électroniques, la DJ Piu Piu – que vous croisez d’ailleurs désormais tous les vendredis soirs, au micro, lors des Nova[Mix]Club – s’est plongée dans les collections audio du musée du quai Branly, en s’intéressant particulièrement à sa section uruguayenne. Elle y découvre « des vocaux de chants traditionnels, ou de cérémonies indigènes et pas mal de nuits de la selva, la nature ». Lui vient alors l’idée de proposer à trois DJ et producteurs d’aujourd’hui de transformer et de remixer ces sons.
Le projet débouche aujourd’hui sur un EP de cinq titres, « des hommages aux premiers habitants des terres uruguayennes, qui ont ensuite été disséminés au fil de l’Histoire », peut-on lire dans un communiqué. Le disque, intitulé Memorias, sortira le lundi 10 décembre. Il s’agit de la première sortie de Groovebox Records, le label de Piu Piu lancé en 2016 en collaboration avec Rinse France. On y retrouve donc trois producteurs Aleqs Notal, Geena, mais aussi la DJ nantaise Myako avec laquelle on a pu échanger sur ce projet pour lequel elle a signé trois morceaux, où la musique électronique est finalement un soutien discret au son brut, celui de la nature, de la forêt, des oiseaux et des chants traditionnels uruguayens.
Est-ce qu’avant « Memorias » tu avais déjà travaillé avec des archives sonores ?
Je l’avais déjà fait sur un précédent disque sorti sur Nona Records. J’avais fait un enregistrement durant mon voyage en Amérique du sud, des choses que j’ai retravaillées et retraitées. Mais travailler principalement sur des archives en tant que sources principales, jamais.
Qu’est-ce que ça a impliqué pour toi ?
Là il y avait déjà une histoire qui était posée. Je me suis intéressée à l’histoire pour mieux comprendre les enregistrements, les chants contestataires… À l’inverse quand j’avais enregistré ce qui était ma texture, je pouvais traduire ce que je voulais autour de ça.
Comment as-tu sélectionné les sons que tu voulais travailler ?
J’ai travaillé sur plusieurs morceaux, ce qui a donné lieu à différentes réflexions. Il y avait le purement organique, c’est-à-dire les sons de la forêt, des oiseaux, et après il y avait les chants. Dans un premier temps j’ai travaillé davantage sur les textures organiques et puis en réécoutant les paroles, je me suis dit que c’était intéressant de les réexporter de manière différente. Pour le troisième morceau par exemple, qui est une forme d’interlude, j’ai imaginé une sorte de cérémonial, qui s’ouvre avec le chant d’une femme avec des maracas.
Comment tu as appréhendé ces sons chargés d’histoire, celle de l’Uruguay ?
Avec l’interlude justement, il y a une forme de devoir de mémoire collectif où je me suis dit que c’était intéressant de mettre en avant certaines parties sonores un peu plus pures, sans trop les retravailler. Pour qu’il y ait un moment un peu plus touchant, calme, un moment de recueillement. Les deux autres morceaux, c’est de la pure inspiration, en imaginant les cérémonielles de ces tribus-là, avec un rapport à la transe, à la rencontre avec le cosmique, qui m’intéresse beaucoup.
Et voici un premier extrait de l’EP, « La Danza De La Risa », par Myako :
Myako était de passage ce vendredi au Nova[Mix]Club pour notre carte blanche au festival Peacock Society, son set est à revoir ici :
L’EP Memorias sort le 10 décembre chez les disquaires et sur Juno.
Visuel : © Pochette Memorias / Grooveboxx