« Destino » c’est le nom de cette création commune et trop peu connue.
En 1946, un duo de créateurs un peu fous et aux univers distincts se forme : celui composé de Salvador Dali, surréaliste devant l’éternel, et de Walter Disney, dessinateur qui bouleversera le monde de l’animé.
A cette époque, Dali s’est installé aux Etats-Unis (exclu du groupe d’André Breton pour ses prises de position largement polémiques) et à l’occasion d’un diner organisé par la Warner il rencontre l’homme derrière les Studios Disney. Pendant quelques mois, les deux décident de travailler ensemble pour donner naissance à une oeuvre commune : Destino. Mais ce film, jamais terminé du vivant des artistes, ne sera achevé qu’en 2003 – et il n’a été projeté, exploité, présenté que très rarement.
Car le projet est abandonné au bout de quelques mois. Disney n’a pas l’argent suffisant, malgré l’acharnement de l’artiste Dali qui crée des dizaines et des dizaines de croquis et parvient à créer quelques 17 secondes de dessin-animé.
Ces esquisses resteront dans les cartons jusqu’à ce que Roy Disney (neveu de) ne se décide en 1999 à exhumer ces trésors et à recréer, à partir de ces quelques secondes et des plans laissés par Dali, un véritable court métrage.
Pour que l’univers soit fidèle à ce que les deux créateurs avaient en tête, c’est une équipe de 25 professionnels qui se réunissent autour de Dominique Monféry (réalisateur et spécialiste en effets spéciaux) pour donner à cet animé le corps qu’il mérite. Nous sommes en 2003 – près de 60 ans plus tard donc quand Destino inverse le sort.
Le public n’a eu que très peu d’occasion de le voir en projection, mais c’est sur internet que ce dessin-animé a trouvé une niche, un espace où il vit une existence paisible depuis 2010. Alors certes, nous arrivons tard, mais pour des bijoux comme celui-ci, mieux vaut tard que jamais.
On vous laisse vous balader, pendant 6 belles minutes, dans l’imaginaire follement développé de Dali – où les paysages, les objets, les personnages sont tels que l’on aurait pu les retrouver dans un tableau du maître.
Via Telerama.fr