Le dernier rapport de l’EFF épingle ceux qui vendent nos informations au gouvernement.
Internet est en pleine réflexion sur la confidentialité des informations des utilisateurs : de scandales en révélations, les internautes découvrent que leur intimité et leurs informations sont bien souvent utilisées à des fins commerciales ou dans un objectif de surveillance. Dernière en date à s’être fait épinglée, l’application Snapchat qui promettait à son public la protection des données : en vérité, aucune des informations ne bénéficiait d’une garantie de confidentialité et ces informations étaient stockées.
A l’ère de l’inquiétude généralisée donc, l’Electronic Frontier Foundation vient juste de publier une infographie censée nous permettre d’y voir plus clair. Comme chaque année, l’EFF a livré son rapport « Who Has Your Back« (littéralement « Qui vous Protège ») dans lequel les entreprises sont notées selon leur volonté de protéger les données des utilisateurs.
Les critères, qui correspondent aux lois et réglementations américaines mais éclairent également la situation pour les internautes français, sont les suivants :
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exige un mandat pour rendre un contenu public
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prévient les utilisateurs en cas de demande d’informations par le gouvernement
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publie des rapports concernant la transparence
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publie des rapports concernant les lois en vigueur
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se bat, au tribunal, pour défendre les droits des utilisateurs à la confidentialité
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se bat, devant le Congrès pour défendre les droits des utilisateurs à la confidentialité
Et à notre grande surprise, ce sont les plus grandes firmes américaines (celles qui suscitent en général tant d’inquiétude) qui s’en sortent le mieux. Apple, Google, Facebook, Dropbox, Microsoft ou Twitter tirent leur épingle du jeu avec 6 belles étoiles. Seraient-ils donc des anges ?
Pourtant, ce sont les cibles principales quand il s’agit de dénoncer les logiciels, applications ou structures qui n’hésitent pas à modifier leur réglementation sans prévenir l’utilisateur, à se servir des données dans une visée commerciale … Alors comment comprendre ces notes – qui mettent à l’amende Snapchat, Amazon, AT&T ?
L’optimisme nous donnerait envie de dire que les grandes firmes souhaitent désormais échapper au scandale, et font pénitence en comprenant l’intérêt qu’il y a à défendre les droits de leurs clients. Le pessimisme nous ferait dire qu’en vérité ce n’est que face au Gouvernement en tant qu’institution que ces droits sont défendus, et que face aux agences de sécurité nationale (NSA en tête) la donne ne serait pas la même.
Rappelons la fausse bonne nouvelle annoncée par Google il y a quelques jours : les utilisateurs pourraient désormais gérer les informations qui apparaîtraient sur le moteur de recherche. Droit à l’oubli ? Pas vraiment, puisque les informations seraient en vérité déréférencées (et disparaîtraient des premières pages) mais seraient tout de même accessibles pour n’importe qui.
Quid de la France ? A défaut de loi spécifique, le gouvernement semble réfléchir à la possibilité de s’émanciper des serveurs américains afin de mieux contrôler les données de l’administration française. Mais l’utilisateur lui n’est pas encore concerné par ces initiatives et surtout peu d’associations de consommateurs se sont constituées pour faire de ce droit à la confidentialité un droit constitutionnel.
A contrario, le Brésil vient de voter une loi qui garantit la protection de la confidentialité des usagers : elle empêche la coopération entre les grandes firmes internet et les agences de surveillance américaines. Le texte institue aussi la neutralité du réseau, qui permettrait au site d’avoir tous la même visibilité.