« Douce France », des musiques de l’exil aux cultures urbaines. À partir de la fin de la guerre d’Algérie dans les années 60, chronologie des figures emblématiques d’origines maghrébines en France.
« Il revient à ma mémoire… » Ces mots qui ouvrent « Douce France » écrit par Charles Trenet, ont fait de nombreuses fois vibrer les cordes vocales de Rachid Taha de Carte de Séjour, groupe qui rafraichit le titre en 1986. Ce « Douce France » hybride, empruntant les sillons du rock, des synthés eighties et de la musique orientale, devient un symbole pour une génération qui a assisté à la Marche des beurs en 1983 et les urnes du FN se remplir le long de la décennie. On ne peut pas imaginer meilleur titre pour introduire un parcours qui déroule le fil sonore des générations d’artistes exilés (ou descendants) d’exilés maghrébins venus en France.
Détours
Installé dans l’ancien Musée de la Peinture de Grenoble, le parcours Douce France, initié dans le cadre du festival Détours de Babel, convoque une galerie de personnages qui ont résonné dans le jukebox de l’hexagone des années 60 à nos jours. On retrouve donc les rhônalpins Carte de Séjour, Faudel, Warda El-Djazairia, Khaled et d’autres figures dont les flyers ont tourné dans les facs ou ont fini afficher aux murs de chambre d’ados. Pochettes d’albums, macarons de vinyles et clips kitch à souhait viennent compléter cette capsule temporelle.
De « Douce France » à « Écoute-Moi Camarade » la vie de Rachid Taha fait office de fil rouge dans cette exposition, qui raconte à travers son parcours une certaine histoire de la France raconté de ces mouvements sociaux des années 70 et 80, décennie où le FN gagne de plus en plus de terrain, aux années 2000 (où le FN gagne de plus en plus de terrain). C’est aussi l’occasion de saluer l’émergence de courants portés par ses populations descendante d’exilées, comme le hip-hop avec un tandem « à base de popopopop » en figure de proue.
Sans Plomb ou Diesel
Hors des ondes, c’est sur des clichés de figures populaires que l’on s’arrête comme Zinedine Zidane, éternel depuis 1998, et des objets cultes de cette époque. À l’inventaire, Walkmans, platines Technics et une mobylette Peugeot 102. Au micro de France 24, Naïma Huber Yahi, commissaire de l’exposition et historienne, précise que ce modèle de 2-roues, populaire pour la jeunesse de l’époque, était considéré comme un outil d’émancipation. Les mobilisés de la marche Convergence 84 (rassemblement à Paris pour l’égalité) l’employaient pour rallier Paris depuis les grandes villes de France. Au terme du groupement reste un slogan : « La France, c’est comme une mobylette, il lui faut du mélange pour avancer ».
À Douce France, il n’y en a pas que pour les yeux, les visiteuses et les visiteurs de l’exposition pourront aussi pousser la chanson dans un karaoké pour que les morceaux découverts ou redécouvert restent bien en tête. C’est jusqu’au 8 avril prochain et c’est gratuit, ne Trenet pas.