Le disque du quintet britannique accompagnera une adaptation inédite du chef d’oeuvre de Shakespeare. Sortie sur les planches prévu en 2025.
“Être ou ne pas être ?” : telle est la question que posait Hamlet en tenant face à lui ce crâne de squelette. Ce prince vengeur au bord de la folie, assassiné par son propre frère, est apparu pour la première fois en 1601 dans la pièce éponyme de Shakespeare.
Soit 391 ans avant que le public n’entende ”Creep”…
…et 402 ans avant les larsen électriques de “2+2=5”
Qui aurait donc cru que Shakespeare rencontrerait Radiohead, des années plus tard, en 2025. En effet, Hail to the Thief, sixième disque du quintet britannique, s’apprête à être adapté pour une nouvelle interprétation d’Hamlet, sur les planches du Royal Shakespeare Theater, en juin prochain.
Une vingtaine de comédien·nes et musicien·nes seront mobilisé.es pour ce show né de l’imagination de la metteuse en scène Christine Jones (avec Steven Hoggett). C’est à l’occasion de la tournée de Hail To The Thief qu’elle assiste à son premier live de Radiohead : “Ça a changé mon ADN. Pas longtemps après, je lisais Hamlet en écoutant l’album. En prêtant attention aux paroles, j’ai commencé à me rendre compte que beaucoup de morceaux parlent des thèmes abordés dans la pièce.”
Ces thèmes : la corruption, le gouvernement dysfonctionnel, la chute de la vérité, la résignation, et une sorte de décadence… Autant d’éléments qui imprègnent la musique de ce long format publié en 2003. A commencer par son nom, salut ironique à la politique de l’ex-président américain George W. Bush et à la guerre en Irak qu’il a menée. “Hail to the Chief” référence d’ailleurs la marche musicale destinée à honorer le président des États-Unis. Le nom de l’album intervertit ainsi chief, le chef, pour thief, le voleur.
Thom Yorke, compositeur et chanteur de Radiohead, s’attelle ainsi à déconstruire ce disque pour une version de Hamlet dans laquelle la ville d’Elseneur est devenue un Etat policier aux manières sanglantes. Le public assiste à l’éveil d’Hamlet et d’Ophélie aux mensonges et à la corruption “révélés par les fantômes et la musique” (selon le synopsis du royal Shakespeare theatre). La paranoïa règne et personne n’est épargné par un dénouement tragique.
Les premières mondiales joueront dans un immense entrepôt de Manchester, aux Aviva Studios, du 27 avril au 18 mai prochains, puis au Royal Shakespeare Theatre de Stratford-Upon-Avon, du 4 au 28 juin.