Pré-sélectionné pour les Césars 2020, « Chien Bleu » raconte l’histoire d’Émile, habitant d’une cité à Aubervilliers, qui ne sort plus de chez lui et qui peint tout en bleu, des murs de son salon à son fidèle compagnon….
Une fable émouvante de 17 minutes peinte en bleu. Jeremy Trouilh et Fanny Liatard, réalisateurs du court-métrage Chien Bleu, ont inventé une maladie pour leur héros. Émile, vieil habitant du quartier Émile Dubois à Aubervilliers (93), ne sort plus jamais de son appartement parce qu’il a peur de tout. Le seul truc qui le rassure, c’est la couleur bleu, dont il a badigeonné ses objets, ses murs et son chien.
« On s’est inspirés de plein de bleus pour écrire ce scénario. « Les Mots bleus » de Christophe, qu’on a mis dans la B.O. du film, mais aussi le bleu de la divinité hindoue Krishna, qui signifie « bleu-noir » en sanskrit. Ce sont des jeunes danseuses tamoules qu’on a croisées à Aubervilliers qui nous ont inspirés ça ».
« Notre personnage Émile est rassuré par la couleur bleu. C’est une maladie qu’on a inventée pour parler de quelqu’un qui a des obsessions, mais des obsessions qui sont assez belles. À force d’être obsédé par le bleu, ça fait sortir de la couleur de lui, jusqu’à répandre du bleu dans tout le quartier via son chien teint en bleu, que son fils Yoan (Rod Paradot) va devoir balader ».
« Cette histoire nous est venue après avoir passé du temps avec les gens du quartier. Une association d’urbanisme nous avait proposé de faire un film avec eux. C’était l’hiver, tout était gris, délavés, et on s’est dit qu’on voulait ramener de la couleur… Les couleurs vives qu’on sentait chez les habitants, et qui restaient à l’intérieur des appartements. À part Rod Paradot, tous nos acteurs sont des habitants du quartier. Ils n’avaient jamais tourné dans un film. Michel, qui joue Émile, on l’a connu parce qu’il promenait vraiment son chien dans la cité. Il a un regard assez bouleversant, avec une sensibilité et une certaine timidité, qui ne l’a pas empêchée de se lier à nous et de nous prendre dans sa balade quotidienne. Il a failli nous lâcher la veille du tournage, mais on l’a rassuré, et finalement il est incroyable. »
Suite de l’interview à retrouver dans le podcast de Pour Que Tu Rêves Encore.
Visuel © Hirvi Production