Perché en Provence, cet ex-humoriste devenu scénariste imagine une utopie inter-espèces, plutôt cool, en harmonie avec nos frères animaux.
Un puma dans les rues d’un quartier résidentiel chilien. Des coyotes alanguis au soleil de San Francisco. Trois bouquetins qui flânent sur le béton d’une station balnéaire israélienne. Un sanglier suivi de ses marcassins sous les balcons d’une villa cossue de Bergame, en Italie. Un éléphant solitaire, paisible, déambulant sur l’asphalte désert du Kerala. Un alligator qui avance, déterminé, vers une boutique de Caroline du Sud. Des dizaines et des dizaines de singes hurleurs qui courent, affamés, à travers une zone touristique vide de Thaïlande. Deux énormes rorquals qui barbotent dans les calanques de Marseille. Et des canards qui claudiquent aux abords de la Comédie-Française, à Paris.
Ces retours inattendus de nos frères animaux dans nos urbanités confites, allègrement commentés sur les réseaux sociaux, pourraient-ils donner lieu à une société réorganisée ? C’est l’hypothèse drôle et joyeuse de Rémi Sanaka, 37 ans, ex-humoriste devenu scénariste (Les Détrakés), en pleine écriture d’un fiction sonore intitulée Le Recommencement, dystopie située en 2045 dans laquelle un scientifique armé de robots a réduit l’humanité en esclavage dans des colonies destinées à « réparer la planète. »
Confiné dans un village du Vaucluse, ce Parisiano-Stéphanois décrit une utopie inter-espèces, plutôt cool, où l’on se rend au travail « à dos de phacochère », où les infâmes trottinettes sont remplacées par des « kangourous en libre-service », où l’on danse avec le posse opossum, où l’on pique-nique avec les méduses, où l’on trinque avec un copain ouistiti sur l’épaule, tandis que les humains, « tous les jours, arrosent les plantes grimpantes qui montent le long des panneaux publicitaires. »
N. B. : Parmi toutes les images d’animaux « en liberté » partagées en masse depuis le début de confinement, circulent de nombreuses fake news, comme l’a souligné National Geographic dans cet article.
Visuel © Zootopie, de Byron Howard et Rich Moore (2016).