En Tunisie, des danseurs citoyens se mobilisent contre l’intégrisme
10h : l’heure des cultures en résistance sur Nova. Et aujourd’hui, on vous parlait du collectif tunisien Art Solution, qui contre l’intégrisme organise la résis-dance.
Dans les rues de Tunis, une bannière quireprend une citation de Stéphane Hessel connue de tous les mouvements contestataires : « Résister c’est créer, créer c’est résister ». Juste en essous, un danseur hip-hop s’élance et entame quelques pas de breakdance.
C’est le début de la vidéo Je danserai malgré tout, mise en ligne début novembre sur Youtube par Bahri Ben Yahmed, 35 ans, danseur, chorégraphe et cinéaste. Lui et Chouaib Cheu y enchaînent des pas de hip-hop dans les rues, les parcs, les espaces publics de Tunis. Je danserai malgré tout remporte immédiatement un grand succès sur le net, atteignant plus de 15 000 vues en quelques jours (aujourd’hui 23 000).
Puis est venue une deuxième vidéo, dans laquelle une fille entame une chorégraphie de danse moderne au milieu d’un marché de légumes populaire, un mec tape des pas de break dance sur le quai du métro, un couple danse le ballet classique au milieu d’une place publique de la capitale…
Très vite, cette seconde vidéo cartonne encore plus la première, avec près de 48 000 clics en deux jours seulement (aujourd’hui 90 000 vues).
Danser dans les rues de Tunis pour défendre la liberté d’expression face aux salafistes et leur islam rigoriste : de la résistance par la danse, de la résis-danse donc. Et à en juger par les réactions sur Twitter et les commentaires Youtube, les danseurs d’Art Solution ne sont pas seuls.
Le 17 décembre 2010, tout commençait lorsqu’un jeune vendeur ambulant de légumes, Mohamed Bouazizi, s’immolait par le feu, « préférant mourir plutôt que de vivre dans la misère ». Un acte qui déclenchera les émeutes à l’origine de la révolution tunisienne qui mit fin au régime de Ben Ali. Depuis, de plus en plus de Tunisiens se mobilisent pour exprimer leur exaspération à l’encontre des islamistes radicaux et de cette révolution « volée ». Art Solution et son mouvement de danseurs citoyens s’inscrivent dans cette optique.
Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, Bahri Ben Yahmed explique que l’idée de ces vidéos lui est venue après l’incident du 25 mars, lorsque des manifestants salafistes ont attaqué des artistes qui offraient un spectacle de rue sur l’avenue Habib Bourguiba, à l’occasion de la Journée mondiale du théâtre. « C’est une date qui marque encore les esprits des artistes tunisiens, affirme-t-il. ‘Entrez à l’intérieur de vos théâtres’’, nous criaient les salafistes, ‘’la rue ne vous appartient plus !’’ »
Hé bien si, la rue nous appartient encore ! La réponse à l’obscurantisme se situe dans ces vidéos. « Nous sommes en confrontation directe avec les salafistes, et notre seule arme est l’art » poursuit Bahri Ben Yahmed. Allez, dégagez-moi ces barbus à coups de chaussons de danse !