Quelle bonne surprise que de découvrir un matin la sortie d’un projet d’Omni Trio, un des grands noms de la rave anglaise des années 90, qui se place aux prémices de ce qui deviendra une longue généalogie de la musique électronique outre manche, trouvant dans ses branches la jungle, le hardcore, le grime et bien sur la drum & bass.
Renegade Snares
Derrière Omni Trio se cache Robert Haigh (oui c’est une seule personne), un producteur qui, à partir de l’année 93, publie 6 albums remarquables, qui feront lever des sourcils et tapoter du pied dans toute la sphère électronique british (et surtout dans le monde de la rave). Sa particularité, combiner toute la puissance de la drum & bass (c’est-à-dire le style de musique électronique fait de mouvement frénétique de batteries et de basses pesantes) à des nappes atmosphériques qui apportent à ses productions une douceur évoquant le travail d’ambiance du jazz. Son titre “Renegade Snares” est un totem incontournable de la scène rave anglaise, qui sait attirer puristes comme néophytes sur le dancefloor.
Omni Trio est donc de retour en 2022, (18 ans après son dernier long-format) avec mini-album tout frais, Above the treeline, sorti le 2 septembre dernier sur les plateformes de streaming (et en commande limitée de CD sur Bandcamp), il comprend 10 pistes produites à la période de Rogue Satellite paru en 2004. Comme le suggère le sous-titre de ce nouveau projet (rare unearthed and unreleased), il s’agit là de morceaux qui auraient pu/dû composer la tracklist d’un 7ᵉ opus, qui ne trouvera finalement pas le chemin de la presse à vinyle. Un tort réparé aujourd’hui, qui concorde avec une sortie littéraire qui fait du bruit chez les critiques musicaux.
Hardcore
Cette sortie tombe à pic, puisque la semaine dernière est arrivée en librairie “Hardcore”, ouvrage de Simon Reynolds, publié chez Audimat Éditions, un recueil qui rend compte des évolutions de la musique rave anglaise à travers une série d’articles traduits en français originalement publié sur des revues comme The Wire, ou sur le blog du critique musical, qui suivait ces mutations de près.
Au fil des pages (et des années), on passe de la jungle au grime, portée aujourd’hui par de nouveaux protagonistes comme le emcee Stormzy. À la lecture de ce texte, qui a le souci d’ajouter à une analyse musicale des éléments de contexte social et des références très personnelles de l’auteur, il devient évident que Reynolds reste l’une des plumes les plus captivantes du milieu.
Si cet ouvrage ne vous en convainc pas, ou si ces genres de musique ne trouvent pas grâce à vos oreilles, vous pouvez toujours diriger votre œil vers Le Choc du Glam, précédent ouvrage de Reynolds qui traite du phénomène Glam Rock qui a révolutionné l’idée même de performance artistique et de “pop star”, publié lui aussi chez Audimat, ou (pour les anglophones) direction Rip it Up and Start again, chronique du post-punk de 1978 à 84.
Un texte issu de C’est Bola vie, la chronique hebdomadaire (lundi au vendredi, 8h45) de David Bola dans Un Nova jour se lève.