Dans ce classique du rap de la côte-est, on trouve « Shimmi Shimmi Ya », single qui montre que le vieux dégueulasse ODB n’a pas volé son surnom.
Écouter un album complet d’Old Dirty Bastard, le emcee le plus instable du Wu Tang Clan (et c’est dire quand on connait les fait d’armes du crew), c’est un peu comme si on avait déplacé un studio dans une cellule de dégrisement. Tout le long de son album Return to 36 Chambers, ODB réalise un numéro d’équilibriste où il alterne voix posée et cris, rap et séquences chantées à la limite de l’impro, textes clairs et phases à déchiffrer à la pierre de rosette. Un disque instable et lunatique, comme l’était son auteur.
Le flow d’ODB change de forme aussi vite que de sujet, le vieux bastard place dans une seule chanson des références à Norman Bates (le tueur du Psycho d’Alfred Hitchcock), un extrait d’un show de stand-up du comédien afro-américain Richard Pryor, et une phrase du soul man Otis redding. Ça vous donne une idée de ce qui trotte dans sa tête, même si ce qui semble l’obséder dans le culte « Shimmi Shimmi Ya », c’est le sexe raw, sans capote.
Tout le long du disque, ODB assène « I like it Raw », c’est ce qu’on dirait quand on commande un steak pour dire « je préfère la viande crue », mais c’est surtout une manière de dire je préfère le sexe sans protection. Pas un super message à répéter en boucle dans un morceau. C’est aussi l’avis de sa maison de disque.
Pour apaiser le potentiel incendie médiatique que pourrait causer ce morceau, le label d’ODB lui demande de tourner une vidéo à diffuser en télé où il préciserait bien qu’il faut se protéger quand on a des relations sexuelles. On peut le trouver sur le net ce PSA (Public Service Annoucement), mais ils n’ont jamais diffusé la séquence, et quand on la voit, on comprend pourquoi. Le rappeur galère à terminer une phrase parce qu’il est bien éméché, et éclate de rires tout du long. Le vieux dégueulasse, Old Dirty Bastard, n’a pas volé son surnom.