Quand la Science Fiction fait de l’Histoire (d’horreurs)
Le gift shop du grand Mix fiche sacrément la trouille…Il est un rêve de fer, une science fictionnade de cuir et de symbole phallique, de purhomme, et de génocide de mutants, vous voyez où je veux en venir… Un univers post guerre nucléaire sorti de l’esprit rongé par la shyphilis d’Adolph Hitler, oui Adolph Hitler, celui qui est né en Autriche en 1889, qui, après quelques tentatives politiques avortées dans un obscur parti des Nationaux-Socialistes, émigre à New York en 1919 et devient critique, illustrateur et don Juan dans le greenwich village des années 30.
Armé, et c’est le cas de le dire, d’une prose redondante, toute d’acier, de flamme, de cuir ceintré autour d’hommes à la virilité littéralement écrasante et de symétrie grandiloquente, il livre son roman le plus célèbre « Le Seigneur du Svastika » en 1953 juste avant sa mort.
Adolf explore dans ce roman de SF (SM ?) ses rêves de pureté génétique et de massacres héroïques, de violentes mythologies nordiques à travers son Elu, Feric Jaggar, un purhomme arrivé de nulle part avec le don de galvaniser les hommes, de les inciter au lynchage par sa simple parole. Ni une ni deux, Jaggar devient roi, instaure son salut la main tendue, monte une armée de motard sexy-cuir pour décimer les têtes-d’Oeuf, les Peaux-Bleues, les nains, les Hommes-Crapauds et autres hybrides, mutants, et les Dom qui, ben, qui les dominent.
Feric se sent investi d’un destin, d’une mission divine, après tout il est le seul purhomme capable de soulever la grande et légendaire, la royale, massue de Held, ainsi décrite : « Une tige luisante de métal de plus d’un mètre vingt de long et de l’épaisseur d’un avant-bras , sa pomme hypertrophiée est un poing d’acier, un poing de héros »
Bon, dans une version explicite du déjà phallique Roi Arthur, Feric Jaggar est le seul a pouvoir soulever un pénis géant. (La version illustrée propose une alternative Fist-fucking)
On l’aura compris rapidement, parce qu’on est rapide comme l’éclair, ce Roman d’Hitler c’est une uchronie. Cette uchronie prend place, et même toute la place dans Rêve de Fer (The Iron Dream), roman SF de 1972 de l’auteur Juif américain Norman Spinrad.
Mise à distance provocante des évènements de la seconde guerre mondiale, Rêve de Fer est un exorcisme qui révèle à travers la fiction, le vrai visage grimaçant, mégalomane et délirant de l’idéologie fasciste mais également son arme la plus dangereuse : l’attrait en temps de crise d’un discours radical et d’actions violentes se faisant passer pour héroïques. (Voilà qui nous fait discrètement interroger nos affections de Block Buster de type super-héros, titans et Cie, comme ça, en passant.)
Si Spinrad s’inscrit ici dans une tradition de l’uchronie politique relative à l’Allemagne nazie, on pense au Maitre du Haut Château de Philip K Dick, Il use d’une construction des plus originale, inédite et dérangeante qu’il serait dommage de vous révéler. Un conseil cependant, n’oubliez surtout pas de lire préface et postface du roman d’Hitler là se niche un Spinrad tout en ambiguités nécessaires à l’exercice de notre propre réflexion.
Flippant mais édifiant en ces temps qui crisent, le Rêve de fer de Norman Spinrad a inspiré quantité d’illustrations et de couvertures des plus angoissantes parodies des 70’s aux récentes plus sages. A découvrir dans une Nova Galerie par là.
Et pour se promener sur le périph du sujet, un article De Giulio Callegari sur la Führer culturelle à consulter ici
Norman Spinrad, Rêve de Fer, 383 pages, Folio SF.