Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? La question est toujours en suspens ; aucun scientifique n’a réussi à élucider cette inconnue, même en disséquant transistors et circuits imprimés. Mais il est bien plus facile de déterminer où se trouvera l’une des fabriques oniriques notables des mélomanes bordelais.es. Ce sera rive droite de la Garonne, sur le Parvis des Archives Bordeaux-Métropole, du 13 au 17 juillet. Nom de l’affaire, digne d’un parfum capiteux ou d’une opération très spéciale : Rêve de Jour.
Cinq jours, intégrés à la Saison Culturelle Ressources, durant lesquels l’IBoat et l’Opéra National de Bordeaux vont unir leurs forces. C’est gratuit, en plein air – on vous recommande d’ailleurs de réserver votre ticket à l’avance, sous peine d’être recalé aux portes de la bombance qui s’annonce, battant joyeusement le pavé au milieu des installations colorées made in Cancan.
Citons tout d’abord, car ils et elles seront là en nombre pour vous faire trépigner de la gambette, les DJ ; ces selectors qui s’y connaissent pour excaver des singles dansants et fulgurants, faire sortir de leur boîte des classiques absolus, dégainer des improbabilités hors des radars et les faire sonner à la manière d’évidences claires comme de l’eau de roche. Des manieur.se.s de platines et de mixettes parmi lesquel.le.s les farfouilleur.se.s de line-up noteront la présence de platinistes résident.e.s de l’IBoat, de Meuh, ou encore des sociétaires de Super Daronne, d’Ola, d’A l’eau et de Nova Bordeaux – qui sera également de la partie.
Sans oublier, évidemment, les DJ internationaux : la Sud-Coréenne S.Telecom, designeuse aux sélections curieuses et percussives, fruit de ses forfaits aux connexions invisibles (qu’elle exprime notamment dans l’émission ZhUOZ sur Station Station), et le Néerlandais Marco Stern, aka Young Marco, le fondateur du label Safe Trip Records qui fut longtemps un secret très bien gardé de l’underground amstellodamois, avec sa house aux horizons larges (boogie disco, afro, italo, etc.) et son sens aigu du dancefloor, avant de s’afficher comme un habitué du festival Dekmantel.
Hors de cet aréopage de pousses-disques, les musicien.ne.s live seront également convié.e.s. Tête de gondole pop de cette semaine, Étienne Jaumet, le saxophoniste et claviériste de Zombie Zombie, multipliera ainsi les audacieuses combinaisons entre jazz oblique, synthpop fuyant la formule et inspirations cosmiques. Un éclectisme à la mesure de ses goûts, qu’il nous avait partagé ici, de Keith Jarrett à Spacemen 3 en passant par Polyphonic Size. Suivez le guide ! (il faut toujours dire Jaumet)
Et pour les âmes encore insatisfaites, qui préfèreraient se mettre au classique, celles-là aussi trouveront matière à se réjouir lors de ce raout très œcuménique, avec un quintette de cuivres, un récital lyrique, le duo Zélos (violons et percussions) et, cerise sur ce gâteau déjà des plus copieux, l’intense performance au piano préparé (c’est-à-dire un piano dont les sonorités sont volontairement déviés en plaçant des objets dans ses cordes – technique popularisée par John Cage) du technoïde Fabrizio « La Machina » Rat, accompagné par les projections vidéos de Kaspar Ravel. Pas la moins tourneboulante des inflexions qu’empruntera ce Rêve de Jour musical – qui viendra à coup sûr renchérir de quelques heureux souvenirs nos playlists du daydreaming (de Channo à Lovin’ Spoonful via Massive Attack et Easy Life).
Rêve de Jour, du mardi 13 au samedi 17 juillet, 17h/00h @ Parvis des Archives de Bordeaux-Métropole (Bordeaux). Gratuit, sur réservation ICI.