Cette semaine, La Potion vous propose de découvrir trois rites afro-descendants : les cérémonies de l’umbanda brésilien avec le réalisateur Hadrien La Vapeur, l’histoire des hush harbors avec la jazzwoman afro-américaine Angel Bat Dawid, ainsi que les défilés des Black Indians de la Nouvelle-Orléans avec Victor Harris, big chief de la tribu de l’esprit de Fa Ya Ya et des Mandingo Warriors.
Aujourd’hui dans La Potion, je vous propose donc d’étudier d’un peu plus près trois rites afro-descendants que nous n’avons pas encore explorés ensemble.
L’umbanda pour commencer. Assez proche du candomblé, l’umbanda est une religion afro-brésilienne et donc afro-descendante. Il descend des croyances yorubas, et repose sur le culte des orishas comme le candomblé, le vaudou ou la santeria — les orishas dont le culte est fondé sur l’équilibre voire l’alliance des hommes et des esprits de la nature. L’umbanda est une pratique rituelle née dans les années 30 à Sao Paulo et Rio qui vénère à la fois l’Immaculée Conception et Iemanja, l’orisha des eaux salées. Et aujourd’hui, on estime que l’umbanda est pratiqué par environ 500 000 brésiliens et brésiliennes. Pour La Potion, le réalisateur Hadrien La Vapeur — à réécouter ici dans La Potion — revient sur sa découverte de l’umbanda.
De colère, Angel Bat Dawid se nourrit pour écrire aujourd’hui le renouveau de la scène jazz de Chicago qui s’articule notamment autour du label International Anthem. En France, nous découvrions l’univers de cette improvisatrice bouillonnante en 2019 avec la sortie de son premier album, The Oracle, un oracle jazz spirituel, politique, collectif et psychédélique dont la ferveur évoque à la fois les transes de Sun Ra et la transcendance du gospel. Pas de hasard, puisque 7 générations de pasteurs ont précédé Angel Bat Dawid qui orchestre chacun de ses lives comme une cérémonie, expérimentale et incandescente, destinée, de son propre aveu, à déranger son public plus qu’à le soigner. De passage à Paris en septembre dernier pour un concert sur la scène du festival Jazz à la Villette, Angel Bat Dawid revient sur l’histoire des hush harbors, ces lieux de culte secrets où se rendaient les esclaves pour pratiquer leurs rites africains loin des regards et des fouets. Des lieux auxquels la compositrice, clarinettiste et multi-instrumentiste afro-américaine consacrait en 2021 une mixtape intitulée Hush Harbor Mixtape Vol.1 Doxology, dédiée à Saint Escrava Anastacia.
Enfin, La Potion vous emmène au cœur de l’exposition Black Indians de la Nouvelle-Orléans, à découvrir jusqu’au 15 janvier 2023 au musée du Quai Branly à Paris. Les Black Indians sont des groupes d’Africains-Américains organisés en «tribes», des tribus hiérarchisées aux rites très codifiés, qui défilent chaque année au carnaval du Mardi gras de La Nouvelle-Orléans avec des costumes faits de plumes et de perles aux couleurs éblouissantes, inspirés des tenues de cérémonies des amérindiens. Cette tradition remonte à la deuxième moitié du 19e siècle, née de la résistance aux interdits ségrégationnistes, parallèlement au carnaval officiel de La Nouvelle-Orléans dominé par la communauté blanche — et dont les Africain.e.s-Américain.e.s étaient largement exclu.e.s. Portés par les percussions et les chants des Big Chiefs, ces défilés célèbrent donc la mémoire de deux peuples opprimés, amérindiens et descendants d’esclaves, dont les croyances et les rites ont beaucoup en commun. Pour en savoir plus, La Potion tend le micro à Victor Harris, Big Chief de la tribu de l’esprit de Fa Ya Ya et des Mandingo Warriors.