Si par hasard vous auriez manqué le rendez-vous musical parisien de la semaine dernière, on vous fait un récap’ de nos moments préférés.
Difficile de glisser comme ça, en quelques lignes, nos meilleurs moments de cette nouvelle édition de Rock en Seine, tant cette année a été riche en belles surprises, un an après une édition anniversaire déjà fournie.
Citons d’abord, entre autres, la journée du mercredi avec l’inoubliable prestation de Lana Del Rey, qui finit doublée en hologramme — le temps d’un morceau — pour sa seule et unique représentation en France cette année.
Mercredi est aussi marqué par le passage de la DJ Barbara Butch, accueillie en rockstar (à juste titre) pour apporter la flamme paralympique, le dimanche en clôture. Et entre les deux, un total de 92 concerts en 5 jours — grand format inédit pour l’évènement — qui ont su rassembler 182 000 festivalier·es.
Chez Nova, on s’est particulièrement échauffé pour la journée de vendredi, peut-être la plus immanquable de toute cette belle programmation. Florilège de nos meilleurs moments, en temps réel.
15h30 : Say She She, le trio soul féminin allume la flamme
Sur le papier, le pari semblait assez risqué, tant il est parfois difficile d’assurer la délicate place de premier·e à passer sur scène en festival. Qu’à cela ne tienne, les trois divas de Say She She — prononcez « C’est Chi-Chi » — ont ouvert la Grande Scène avec un live brûlant, ramenant à grand coup de déhanchés et de chorés les premières têtes festives du Domaine de Saint-Cloud.
Si l’on n’a pas de soucis à se faufiler jusqu’au crash barrière, l’espace commence sagement à se remplir et c’est bien ici que la fête prend son départ. Le trio formé par Piya Malik, Sabrina Mileo Cunningham et Nya Gazelle Brown emporte au même rythme — assurément soul et disco-groovy — les néophytes curieux·ses tout comme les fans de la première heure, sur une Grande Scène qui semble taillée pour elles tant elles n’en gâchent pas un seul centimètre. Bonus, si vous avez loupé tout ça (avouons-le, il fallait arriver tôt), vous pouvez revivre le concert grâce à la capta’ disponible sur la plate-forme Culturebox de France TV, c’est ici.
17h40 : Olivia Dean, l’avenir de la pop-soul est entre de bonnes mains
Une autre douceur anglophone nous a bercé ce vendredi 23 août : la pétillante Olivia Dean. Un effluve R&B et soul vient envahir l’air du festival. Le public se lance dans le refrain de « Ok Love You Bye ». C’est frais, doux, presque moelleux par moments.
Ça groove sur « Dive » et ça lâche une larme sur « Carmen« .
À la fin de son show, Olivia explique que ce morceau, dédié à sa grand-mère qui « n’avait jamais pris l’avion avant d’immigrer en Angleterre », la rend très émotive et incarne pour elle un modèle de courage, un modèle tout court.
Entre deux morceaux, la chanteuse ne manque pas de parler à son public. Elle évoque le métier qu’elle aurait choisi si elle n’avait pas été musicienne sur « I Could Be a Florist« , ses déceptions amoureuses, la solitude.
Sa voix délicate s’accorde joliment avec ses deux guitaristes, son saxophoniste, son pianiste, son trompettiste et tromboniste — ça en fait du monde. C’est un show authentique et poétique qu’a accueilli la scène Cascade.
19h40 : Sampha, hyper-rythmique
Eh oui, Rock en Seine est aussi capable d’en laisser une belle au R&B et à la soul. Cette année n’a toujours pas dérogé à la règle, avec une grosse liste d’artistes anglophones gonflés à bloc. Sampha a réussi une prouesse ce soir-là : transformer sa session Tiny Desk en un grand concert fastueux d’une heure. Résultat : un live survolté, des percussions inarrêtables, des pointes électroniques tout droit tirées de Lahai — son album sorti l’an dernier. Entre rap et soul, le moment est une invitation au laisser-aller, invitation complètement acceptée par l’auditoire. Peut-être étiez vous parmis les chanceux‧ses qui ont croisé Olivia Dean dans la foule ? Elle nous avait confié quelques heures auparavant qu’elle ne manquerait pas le concert.
20h40 : Jungle, l’ouest londonien envahit l’ouest parisien
C’est peu dire qu’on en attendait beaucoup du passage de la bande emmenée par Joshua Lloyd-Watson et Tom McFarland. D’abord parce que Jungle fête cette année les dix ans du premier album. Et puis, avouons-le, puisqu’on comptait bien sur ce moment pour se réveiller avant la fin de soirée, assurée, elle aussi, par un pote Outre-manche (vous connaissez Fred again..?). Ça n’a pas manqué. Jungle nous a livré ici un concert chirurgical, impecc’ sous tous angles, copié/collé sur son show de Glastonbury, entamant les hostilités avec « Busy Earnin‘ », avant d’enchainer sur « Candle Flame« , « Dominoes » et le génial « Back on 74 ».
21h55 : Soulwax, deux frères, deux fauves
Entre les performances de Jungle et Fred Again.., les festivalier·es flottant·es ont eu tout intérêt à s’arrêter à la scène Cascade — la deuxième plus grosse de Rock en Seine. C’était l’endroit parfait pour une transition entre un flot groovy ininterrompu et un grand bain dans la culture club britannique. En gros, les frères Dewaele de Soulwax s’occupaient de vous guider vers la fête totale.
Mais pour prétendre avoir vraiment vu tous‧tes les meilleur‧es, il fallait impérativement faire un crochet par le live de Bonnie Banane. Géniale, franchement allumée et surréaliste sur la scène du Bosquet, à l’extrémité du festival. Comme à son habitude et parfaitement en accord avec son nouvel album Nini, l’artiste française la jouait sensuelle et badass.
Retour à Soulwax. Trois batteries sur échafaudage, un triplé de machines futuristes signées du Parisien Xavier Garcia de Hackin’Toys et des costumes noirs, les belges se délocalisent dans un décor à l’allure cyberpunk.
La fratrie et sa bande arrivent à nous emporter sans effort avec d’énormes bruits de basse lancinants, des solos de batterie démesurés sur « Is It Always Binary » avant de nous livrer leur remix iconique du « Work It » de Marie Davidson. La performance est assourdissante, sans freiner la foule qui s’enivre et danse sur ce classique indie devenu la bande-son trance et rave de la soirée.
Et comme les voir une seule fois ne suffit pas, il fallait être présent‧es le lendemain pour leurs mash-up écervelés sous l’une de leurs innombrables incarnations : les 2manydjs.
23h : Fred again.. : Brit’ machine
C’est avec 5 minutes d’avance que Fred again.. arrive, hissé sur une scène suspendue dans les airs, et fout un bordel immense en ouvrant avec « Turn on the lights ».
Le public – à 80% British, comme le reste du festival et de la prog d’ailleurs – est tout de suite plongé dans une frénésie électronique. Ça saute, ça crie, bref, Fred a su amplement honorer son nom placé en tête d’affiche.
Outre la scénographie, Fred alterne entre des moments de pure agitation à coups de drops et de projecteurs épileptiques (coucou Flowdan et le « Rumble ») et des passages émouvants, en projetant sur le grand écran un texte écrit au préalable. Il y raconte ses débuts, son quotidien, le fait que ce soit son dernier week-end de l’année en festival (snif :’)), son amour pour son pote Tony.Le DJ ne joue pas qu’avec les platines, mais aussi avec son public : « What’s uuuuup Paris », il nous alpague, nous parle, nous demande de l’accompagner. Il joue du piano lors de ces titres dans lesquels la house détrône l’électro, comme « adore u » et « Marea ». Puis, imprévisible et iconique, Fred se met à chanter a capella un morceau inédit, sûrement au générique de son prochain album prévu pour le 6 septembre. En milieu de concert, pour raviver les esprits, le fameux « places to be » retentit, le Londonien n’oublie pas ses brillant‧es collègues et projette le visage de CHIKA et d’Anderson .Paak. Le public est dans les nuages, hypnotisé par les 140 BPM (plus sains que des amphets) qui viennent stimuler les tympans.
Mention spéciale pour « leave me alone » et son jeu de lumière, remixé d’ailleurs avec l’illustre voix d’une autre figure de la scène British, Nia Archives.
Fred again again again.. nous a donc livré un show vibrant et éclectique, qui a permis au 34 000 festivalier‧es de conclure ce 3ᵉ jour de Rockenseineseineseine.. le sourire aux lèvres et avides de sonorités machiniques. À l’année prochaine !