Certain‧es d’entre vous ne vous sentez peut-être pas à votre place dans un musée. Vous fatiguez rien qu’en observant les œuvres en enfilade, les textes de curation à lire, les gens… Ça tombe bien, à la Manchester Art Gallery, Louise Thompson propose une expérience incroyable, pour vivre le musée autrement… Et raaalleeennntiiir.
L’endroit se situe à la Manchester Art Gallery, juste à côté d’une galerie bondée avec des portraits d’ouvriers. Une autre salle, d’un vert foncé qui nous oblige presque à ralentir en y pénétrant. Il est possible s’asseoir, c’est même la consigne. Seules trois peintures sont accrochées au mur : on est invité à un tête-à-tête avec l’une d’entre elles, en écoutant une méditation téléchargeable qui nous invite à respirer en se concentrant sur les détails de notre choix… De réfléchir à ce qu’on aime et à ce qu’on n’aime pas. Faire le calme. Pas besoin de s’y connaitre en art, on peut se satisfaire de la contemplation. Cette salle toute particulière, elle a un nom : Room to Breathe (« Salle pour Respirer« ).
« Room to Breathe », ou le « Musée en pleine conscience »
En fait, Room to Breathe fait carrément partie d’une campagne. Ça s’appelle Mindful Museum, ce qui pourrait se traduire par quelque chose comme « Musée en pleine conscience« . L’idée, c’est de dire que les musées ne sont plus seulement un endroit d’étude, où se réunissent plein d’œuvres, mais aussi un espace en lien avec notre santé mentale, où l’on pratique l’art de porter attention aux choses. C’est Louise Thompson qui a eu cette merveilleuse idée. Ça fait 12 ans qu’elle bosse sur cette idée de musée conscient, en tant que responsable santé et bien-être à la Manchester Art Gallery et consultante pour des musées partout dans le monde. Elle a d’ailleurs fait la même chose au musée Van Gogh d’Amsterdam et à Harlem.
« Un grand coup de pouce pour la santé mentale »…
Dans une interview pour le Guardian, Louise Thompson explique : « Les musées sont des lieux où les connexions sociales prospèrent de nombreuses façons. Ce sont également des espaces où nous favorisons la connexion avec notre identité en observant des objets dans les musées, ce qui nous aide à développer un sens de nous-mêmes et un sentiment d’appartenance. » L’appartenance, donc, mais aussi la confiance, puisqu’elle poursuit en indiquant que « l’acte d’apprendre, que l’on retrouve dans les musées, renforce notre confiance, notre estime de soi et notre valeur personnelle. Cela représente un grand coup de pouce pour la santé mentale.«
…Et c’est scientifiquement prouvé
Louise Thompson a aussi bossé avec Aleksandra Igdalova, du département de psychologie de l’université Goldsmiths, qui a mesuré l’impact de cette Room To Breathe et de la méditation guidée devant l’œuvre. Sa conclusion : après 10 à 15 minutes, les gens changent physiquement. Leur corps devient plus détendu, plus souple, et ils parlent à la personne à côté d’eux. À noter aussi une connexion plus forte avec l’objet. C’est-à-dire qu’au début, certain‧es peuvent trouver l’œuvre un peu ennuyeuse, voir se dire pourquoi ils ou elles ont choisi celle-là, avant de complètement changer d’opinion un quart d’heure plus tard.
Prendre le temps, et pratiquer le « slow-muséing »
Room to Breathe est une sorte d’expérience de slow-muséing (pour utiliser un anglicisme…), comme ces modes qui nous font ralentir sur plein de sujets, tel que le slow-listening, qui consiste à écouter à nouveau des albums en entier, plutôt que de faire une boulimie de singles. C’est, en quelque sorte, l’idée d’arrêter le temps, en tout cas de prendre la mesure dans nos vies rapides et fulgurantes… La pleine conscience, c’est ralentir, et ça vaut pour tout.