On l’a vu débarquer avec son pseudo rigolo et sa coupe de douille, sans donner l’air d’y toucher sérieusement. Et puis, de maxi en maxi, il s’est imposé comme une évidence ; musicalement, le gars n’a rien d’une blague Carambar. Si bien qu’aujourd’hui, quand le nom de Ross From Friends arrive dans une discussion, il y a plus de chances que ça cause electropop des années 10 plutôt que d’une sitcom rincée du siècle dernier.
Récemment signé chez Brainfeeder (le label de Flying Lotus, Thundercat ou Louis Cole, histoire de situer le niveau), il y a publié cet été son tout premier format long, nommé Family Portrait. Une galette sur laquelle le bonhomme semble toucher sa bille dans tous les registres, de l’hédonisme pour dancefloors illuminés à la mélancolie flottante de titres plus pop. Un peu lo-fi, un peu FlyLo, entre funk en slow-motion et house post-vaporwave : voilà un beau disque, si impeccable qu’on pourrait y manger dessus.
Et en live, ça vaut aussi le coup d’oeil. Exemple lors de sa récente Boiler Room londonienne. Les nappes synthétiques déferlent, des percus venues des abysses ricochent dans la caboche, formant des lames pleines d’écume et de groove mélodieux. Et à côté des MPC, un guitar hero en lichen, qui fait semblant de chauffer le médiator pour une raison inconnue : pour le pied-de-nez, pour le quota « WTF dude », pour payer du bon temps à un de ses potes ? Un mystère à résoudre ce samedi à l’IBoat, du moins si vous parvenez à vous extraire de l’ébahissement musical dans lequel ne manquera pas de vous plonger notre ami britannique et casquetté.
Parce que c’est peut-être pas pour rien si le vrai blase de Ross From Friends, c’est Weatherall (prénom : Félix). Nom d’un gouverneur !