Ça y est, après six ans d’un développement abîmé, le studio ukrainien GSC Game World a publié “S.T.A.L.K.E.R. 2” cette semaine. Dans ce quatrième volet d’une série post-apocalyptique, le joueur est plongé dans les ruines radioactives de Tchernobyl où il doit survivre tant bien que mal. Véritable rescapé de guerre, ce jeu vidéo hautement symbolique ne plait pas du tout à la Russie…
Les passioné‧es de jeux vidéos connaîtront peut-être déjà ce triptyque d’alors, baptisé S.T.A.L.K.E.R. et développé depuis 2007 par le studio ukrainien GSC Game World, basé à Kiev. Mercredi, les 15 millions de joueur‧euses que revendique la franchise ont enfin pu mettre la main sur S.T.A.L.K.E.R. 2: Heart of Chornobyl, le quatrième volet de cette série post-apocalyptique.
Survivre à l’horreur radioactive de Tchernobyl
Comme ses prédécesseurs, l’histoire du jeu vidéo, inspirée de la littérature et du cinéma soviétique, se déroule dans les ruines irradiées de Tchernobyl. Notre héros, Skif, explorateur de la “Zone”, no man’s land ceinturant la ville radioactive, doit ainsi amasser médicaments et nourriture tout en évitant les sanguinaires qui se cachent dans la zone dans cet environnement hostile, envahis par la destruction.
Un développement bouleversé par l’invasion russe
En développement depuis 2018, S.T.A.L.K.E.R. 2 est le fruit d’un dur (et long) labeur. En 2020, la crise sanitaire met un coup de massue à GSC Game World. Surtout, en février 2022, le studio doit faire face à la violence de l’invasion russe en Ukraine. L’équipe de GSC Game World, originellement basée à Kiev, devait désormais composer avec la guerre. Dès le mois de janvier, GSC Game World met à disposition plusieurs bus à louer, garés 24h/24 sur le parking du studio, avec des chauffeurs prêts à partir à tout moment en cas d’agressions russes. Quelques-uns des développeurs restent sur place, d’autres sont appelés au front, mais la plupart s’exilent à Prague. Là-bas, avec peu de matériels et de moyens financiers, le développement continue, vaille que vaille…
“On a compris à quel point tout pouvait vite s’arrêter et comment, d’un seul coup, quelqu’un pouvait tout perdre«
Tchernobyl, avec ses mutants et son étrange et sanglante milice, prend alors des couleurs de champ de bataille qui résonnent différemment. Le jeu survivaliste prend un nouveau sens. “On a compris à quel point tout pouvait vite s’arrêter et comment, d’un seul coup, quelqu’un pouvait tout perdre« , confie Oleksandr Ocherklevych, le Community Manager de GSC Game World. L’atmosphère lourde de la guerre s’étend jusqu’aux notes de notre personnage, Skif, sur lesquelles on peut lire : “Je suis rentré après trois ans de service en enfer pour me reposer, (…) picoler dans mon appartement rempli de fumée et regarder la télé comme on regarde par une fenêtre”. Ce qui émane de S.T.A.L.K.E.R. 2, c’est bien le chaos, la désolation et la survie. Publier le jeu était un véritable accomplissement pour les développeurs, comme l’explique leur communiqué, partagé sur les réseaux sociaux.
S.T.A.L.K.E.R. 2 dans le viseur de la répression russe
L’existence même du jeu vidéo est chargée d’une symbolique forte. Alors que GSC Game World supprime de ses plans la version de S.T.A.L.K.E.R. 2 en langue russe, des hackeurs russes vont tenter d’infiltrer les serveurs de l’entreprise pendant plusieurs jours. Certains vont même appeler l’armée de Russie à bombarder les habitations des membres du studio, en partageant leur localisation et des photographies. Aujourd’hui, le Kremlin envisage de poursuivre pour “apologie du terrorisme” quiconque se procurerait le jeu ukrainien sur son territoire.
S.T.A.L.K.E.R. 2 est, tout comme ses développeurs, un survivant de guerre. GSC Game World a réalisé un documentaire sur ses six années de développement, sorti le mois dernier. “Je suis sûr que l’Ukraine s’en sortira aussi” y affirme Ievgen Grygorovych, le fondateur du studio.