« Je me concentrerai sur le rôle des femmes en vue d’assurer la paix ».
Dans Néo Géo, Liz Gomis fait le portait de Sahle-Work Zewde, la nouvelle présidente de la République démocratique fédérale d’Éthiopie.
Les femmes sont les premières victimes de l’absence de paix
« Les femmes sont les premières victimes de l’absence de paix. C’est pourquoi pendant ma présidence, mon objectif principal sera d’assurer la paix en mobilisant toutes les femmes éthiopiennes, les amoureux de la paix, les hommes et tous les peuples du monde qui aiment la paix. »
Ces quelques mots en amharique, la langue officielle d’Éthiopie, sont prononcés par une femme, et pas n’importe laquelle.
Son nom, c’est Sahle-Work Zewde (zalewôk zioudé), et elle est depuis le 25 octobre dernier, la première femme présidente de la République démocratique fédérale d’Éthiopie. Une nomination historique qui entre dans la ligne de réforme de celui qui fait bouger les lignes de la corne de l’Afrique depuis maintenant six mois, le Premier ministre Abiy Ahmed.
Une fonction honorifique, avant tout
Après avoir installé la parité au Parlement, quoi de plus naturel que d’opter pour une femme ? Certes, il s’agit d’abord une fonction plus honorifique qu’opérationnelle, mais la démarche en dit en tout cas long sur le virage que souhaite amorcer l’Éthiopie.
Sahle-Work Zewde, diplomate respectée par ses pairs mais aussi par les opposants au pouvoir, incarne le nouveau souffle politique éthiopien. Elle est pourtant la fille d’un des hauts gradés de l’armée impériale de Sélassié. Issue d’une famille de notables donc, elle fréquente les établissements de la haute société éthiopienne avant de s’envoler à dix-sept ans, en 1967, pour la France pour ses études supérieures. Elle y étudie les sciences naturelles à l’Université de Montpellier et contre toute attente, rentre au pays malgré la répression militaire après la chute de l’Empereur en 1974.
Sahle-Work Zewde, un parcours sans fautes
En Éthiopie, parce que la révolution éthiopienne la République populaire démocratique d’Éthiopie (et un régime particulièrement répressif), tous ceux qui ont travaillé de près ou de loin pour l’administration impériale se tiennent à carreau. Pourtant, Sahle-Work Zewde intègre le ministère de l’Éducation. Un poste qui la conduit courant des années 80 au Ministère des Affaires étrangères, porte d’entrée vers la diplomatie. Tour à tour ambassadeur d’Éthiopie au Sénégal, puis 0 Djibouti, elle retourne ensuite en France. Il faut dire qu’elle maîtrise aussi bien le français et l’anglais que l’amharique, sa langue maternelle.
Malgré ses fonctions, Sahle-Work Zewde continue de s’engager pour des causes qui lui tiennent à cœur : l’éducation, la culture et le droit des femmes. Et c’est à l’UNESCO qu’elle mène son combat à l’international en tant que représentante permanente début 2000. Puis, direction La Centrafrique depuis laquelle elle renforce son engagement au sein des Nations unies. En 2011, elle prend la tête du bureau kenyan pour finalement s’installer au poste de Secrétaire général des Nations unies auprès de l’Union africaine en cette fin juin 2018.
Un parcours sans fautes, pour une femme qui rassemble au point de récolter l’unanimité des voix lors de son élection du 25 octobre dernier, à la suite de la démission de Mulatu Teshome, son prédécesseur. Sahle-Work Zewde, première et unique chef d’État en Afrique : Quand l’Éthiopie ouvre la voix.
Un article issu de la chronique de Liz Gomis dans Néo Géo.
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