On vous a parlé de Chahuts, ici-même. Une manifestation qui s’inclut dans un cadre plus large, celui de la Saison culturelle bordelaise, baptisée Ressources. Deux pleins mois d’été, pendant lesquels on recommande aux amateur.rice.s de culture et de curiosités de se fortifier les cervicales. Le risque de choper tournis et torticolis sera en effet bien au-dessus de la normale, ne sachant plus où donner de la tête, confronté.e.s à la constellaire programmation de cet évènement transversal agencé avec une petite idée derrière la tête : « sout[enir] l’écosystème artistique et culturel bordelais », qui trouve enfin une fenêtre propice pour se ranimer et ressurgir – du latin resurgere, source étymologique, également, du mot « ressources ».
Du 10 juin au 10 août, la bannière colorée de Ressources flottera au-dessus d’une programmation en deux temps, comme un moteur tournant avec davantage d’idées que de pétrole, ou – métaphore peut-être plus adéquate – comme les deux brins de la double hélice qui sert de logo ascensionnel à cette Saison. La première séquence mettra ainsi l’accent sur la réouverture des musées et des galeries, avec des expositions en veux-tu en-voilà, avant un deuxième segment qui fera entrer dans le tourbillon des agendas les concerts, les spectacles et autres tréteaux festivaliers qui nous ont tant manqués.
Premiers coordonnées de rendez-vous : les musées. Qui dans les entrepôts du CAPC, qui au très bel Hôtel de Ragueneau (l’ancien siège des archives), qui à la Fabrique Pola, au Musée des Beaux-Arts, au MADD, à Cap-Sciences, ou bien d’autres lieux (il faudrait dix lignes pour tous les signaler), les propositions seront légion, nous invitant à la rencontre des fantastiques peintures de l’École de Bristol, d’une Bordeaux-les-Bains très thermale, d’aliments incongrus jamais vus à Top Chef (et non, les néfrops à la mayonnaise, classique de nos tops horaires, n’en font pas partie) ou des créations plastiques les plus incisives et audacieuses de la scène africaine contemporaine.
Soulignons aussi, du côté de Bacalan, l’éphémère Écomusée de la Fête ouvert par L’Orangeade : un espace d’exposition immersive dédié aux manières de faire, de vivre, d’organiser, de penser les musiques électroniques (de Bordeaux ou d’ailleurs) et le dancefloor ; cette fameuse « bamboche » trop souvent reléguée aux marges de la culture (ainsi, selon l’actuelle porte-maroquin de la rue de Valois, la réouverture des discothèques serait une prérogative du ministère … de l’Intérieur !). Après quoi, L’Orangeade se consacrera à son Sacré Boucan, son repaire de verdure et de bonnes ondes, sorte de Pavillon d’Été nouvelle version, dont les quelques invité.e.s dont nous avons eu vent s’annoncent croustillants (on vous reparle de tout ça très bientôt).
Ce qui me permet en tout cas d’aborder la suite, davantage tournée vers le spectacle vivant. Les collectifs et les associations locales (à qui nous avons tendu le micro lors de ce trop long lockdown) seront là aussi à pied-d’œuvre. L’Astrodome et ses Astroshows pop et psyché, les projections à ciel ouvert d’Écran Total et du So Film Summercamp, l’IBoat qui fera cause commune avec l’Opéra de Bordeaux avant de crier AHOY sur les berges, Allez les Filles refaisant Relâche après une cruelle absence en 2020, le TNBA planchant sur d’ébouriffantes expériences théâtrales, ou encore le Banzaï Land qui tamponnera sans sourciller votre passeport aux destinations chill et conviviales.
La palette des activités s’étendra bien évidemment sur la rive droite, et pas seulement pour y mirer de loin les façades Unesco-friendly des Quais. Ressources y installe des célébrations des espaces verts, des bulles à rêves, des super lotos, des initiations à la pyrotechnie … Plus des concerts, de la danse, du théâtre, performances, projections ciné : là, non plus, celleux qui prétendront s’ennuyer n’auront pas d’excuse recevable.
Mais on peut aussi noter, ailleurs, en feuilletant le dépliant, des DJ-sets sur des bateaux, des Maisons Toc Toc, des ballets de cordistes, une relecture voguing d’Une Chatte sur un toit brûlant, des sculptures skatables (Bon Voyage, fruit d’un projet franco-suédois) et tutti quanti … Et même des ouvertures sur l’extramuros néo-aquitain, avec des cartes blanches délivrées, notamment, aux ouailles poitevines du Confort Moderne.
Arrivé.e là, vous vous dites sans doute que c’est déjà beaucoup – presque inespéré. Mais soyez certain.e.s qu’on n’a pas évoqué la moitié des initiatives prévues. Si, si, je vous l’assure : zyeutez donc le programme complet par ici et vous arriverez au même constat, frappé du sceau de l’évidence : à Bordeaux, l’été ne manquera pas de Ressources.
Saison culturelle Ressources, du 10 juin au 10 août @ Bordeaux. Plus d’informations sur https://bordeauxsaisonculturelle.fr/ressources/