La sape mondialisée s’expose dans un livre !
Revoilà les sapeurs, stars des années 80 : ces Congolais (principalement) qui défrayaient la chronique, comme des ZAZOUS, des DANDIES, fous de marques et de style, ne jurant que par Armani, Weston, Versace, Mugler, Gucci… Des livres de sociologie analysèrent alors ce comportement déviant, de pauvres, d’immigrés, sapés comme des milords se nommant par leur clan (Société des ambianceurs et personnes élégantes= S.A.P.E.)
Un nouveau club était né, plutôt masculin, avec ses DANSES des MARQUES (danser en montrant les étiquettes intérieures), ses HUILES (costards fluides), et son roi (Papa Wemba). Mais aujourd’hui le MONDE ENTIER a ses sapeurs.
C’est tout le mérite du photographe Daniele Tamagni d’avoir enfin fait exploser le phénomène centrafricain, dans ce livre : GLOBAL STYLE BATTLES ou les Sud-Africains se lancent dans des looks HARD ROCK, les Birmans y sont plus PUNKS et à crêtes de les vrais, et même les lutteuses Boliviennes mêlent tradition et Bling Bling.
Car cette SUBCULTURE de l’apparence, des références, du costume ou du CLAN a fait des petits depuis fort longtemps. L’Asie est rock ou clubbing, Brésil et Cuba sont très playa et flashy, les New-Yorkais renouent avec Dandysme et Retro. Normal : les US ont été pilonnés par le portswear qui a tué la SAPE, et l’Europe a en partie suivi. Mais pour se distinguer des Rappeurs et Bobos, aplatis par les capuches et sneakers, baskets et anoraks, sont nés des masses de DANDIES.
Quand on n’a ni maison ni voiture, il ne reste que SOI, son corps, ses fringues, et l’affirmation d’un style, inventé ou par référence, refait ou récupéré (les Cubaines se font robes et maillots superbes avec des pièces de Lycra ou Elastane. )
Les Africains, et surtout les Africaines restent sur le podium avec des looks de gazelles, panthères ou DISCO QUEENS, mais des tonnes de garçons se font des looks de DOCTEUR DOOLITTLE, BEAU BRUMMEL ou LORD BYRON. L’important est la fierté, l’originalité, le culot.
Dans les capitales européennes, le style vintage, rétrofuturiste s’épanouit, avec une notion assez situationniste d’anarchie (relancée à l’époque PUNK) de réinvention du monde, de soi dans une attitude de réappropriation de la VIE.
Lutter contre l’uniformisation, les grosses marques, le E-commerce globalisé, et même le rythme imposé par le néo-libéralisme, deviennent des MUST, plus haut placés que la simple coquetterie, élégance de fashionistas « en voie de ringardisation », comme disent les modeux , dépassés par la sape improvisée et inventive .
GLOBAL STYLE BATTLES . Album couleur de 300 pages.
+ de 200 photos de Daniele Tamagni. Textes Rosario Dawson et Abrima Erwiah.
Editions CARRE. 35 Euros