Avant d’être anobli par l’intelligentsia critique et festivalière, David Cronenberg signait déjà des films cérébraux. Au sens physique du terme avec Scanners.
C’était avant. Avant que David Cronenberg devienne un cinéaste adoubé par les plus grands festivals. Avant que le cinéma gore ne fasse plus peur à personne, à force d’effets numériques aseptisés. En ce tout début d’année 80, Scanners avait la force transgressive des séries B fantastiques cantonnées à un statut de cinéma impur. Sans doute parce qu’il n’était pas de bon ton, comme le faisait déjà Cronenberg, de faire un cinéma qui conjugue viscères et viscérale. De poser sur la table un propos cérébral plutôt que de la cervelle sanguinolente. Il y en a d’ailleurs un qui explose dans une scène restée emblématique de Scanners (au point d’avoir été reprise pour la bande-annonce de sa ressortie). Le véritable coup d’éclat de cette histoire de mutant capables de prendre le contrôle des corps par la pensée est pourtant ailleurs. D’abord dans cette préfiguration d’un monde aliéné par la technologie scientifique, presque une prophétie du transhumanisme et des transformations mercantiles qu’il entraine dans le lobby pharmaceutique. Mais aussi dans cette jonction entre tragédie grecque ou shakespearienne (le destin de Cameron Vale et Darryl Revok virera à quelque chose de bien plus tordu qu’un antagonisme entre Bon et Méchant de service) et cinéma mainstream d’aujourd’hui quand Scanners se rapproche toujours plus d’une version pour adulte du moindre X-Men d’aujourd’hui. Mais avec quelque chose qui manque cruellement aujourd’hui aux blockbusters Marvel, d’un sens de la paranoïa- renforcé par la présence de Patrick « Le prisonnier » Mc Goohan en mentor – à une noirceur assumée. Au centre de Scanners, il y a l’Ephémérol, un médicament aux redoutables effets secondaires. Ceux d’une série B qui conjugue spectaculaire et mélancolie, n’ont rien d’éphémère tant ils persistent quarante ans après sa sortie initiale.
En salles le 19 août
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