Conversations divinatoires sur le 21e siècle, avec les écrivains Cécile Coulon, Alban Lefranc, Brigitte Giraud et Laure Limongi, collectées lors de la 21e édition des Correspondances de Manosque.
Comment imaginez-vous ce qui nous reste à vivre du 21e siècle ? Quel livre vous a mis sur la voie de ce futur immédiat ? S’agit-il forcément d’un futur sombre, de lendemains de cendres ? Qu’est-ce que ces visions ont provoqué chez vous, sur votre écriture, voire sur votre dernier ouvrage en date ? Bref, tous foutus – ou reste-t-il, allez, un chouïa d’espoir face à l’effondrement général ? C’est la question que j’ai posée, fin septembre, au fil de la 21e édition des Correspondances de Manosque, planqué dans l’arrière-boutique d’une ancienne librairie, à une dizaine d’écrivains, qui ont accepté d’en venir à demain, sans jamais jouer (ou presque) les prophètes d’apocalypse.
Dans le premier volet de cette série de conversations divinatoires en deux épisodes d’une heure, quatre auteurs se succéderont devant notre micro-boule de cristal :
– Cécile Coulon, l’autrice clermontoise d’Une Bête au paradis (éditions L’Iconoclaste), qui voit dans la survie acharnée de deux jeunes frères piégés dans un trou de sept mètres, héros malheureux du Puits de l’Espagnol Ivan Repila, l’allégorie de notre indispensable sursaut.
– Alban Lefranc, qui, afin de muscler le « désastre de tous les désastres » qui menace dans son roman L’Homme qui brûle (Rivages), s’est frotté à la pensée ainsi qu’au sens de « l’exagération » du philosophe allemand Günther Anders via son essai L’Obsolescence de l’homme.
– Fidèle au titre de son roman Jour de courage (Flammarion), Brigitte Giraud préfère nous prévenir « qu’il y aura bagarre » entre les habitants des villes et ceux, de plus en plus nombreux, des forêts qu’elle aperçoit « de plus en plus souterraines », tout en convoquant l’image des tuberculeux en sursis de La Montagne magique de Thomas Mann, « attendant que la vie se prolonge pour chacun d’entre eux ».
– Enfin, Laure Limongi, loin de la Corse à la fois trouble et solaire de son roman On ne peut pas tenir la mer entre ses mains (éditions Grasset), tentera de saisir la taïga irradiée du Terminus radieux d’Antoine Volodine, ou les témoins de La Fin de l’homme rouge interrogés par la journaliste biélorusse Svetlana Alexievitch.
Nos futurs !
Une émission imaginée et animée par Richard Gaitet, réalisée par Mathieu Boudon. Merci à l’équipe des Correspondances de Manosque pour leur accueil. Le second épisode, avec les prophéties de Charly Delwart, Hélène Gaudy, Olivia Rosenthal et Sylvain Prudhomme, sera diffusé dimanche 20 octobre, 12h.
Visuels © Jericho, Stephen Chobsky et John Turteltaud (2006-2008) © Years and Years, de Russell T. Davies (2019) © Éditions Points © Éditions 10/18.