« C’est le DJ des DJs ». Venant de Jeff Mills, pionnier de la techno de Détroit (ah, Underground Resistance …), le compliment a du poids. Et il n’est pas le seul à saluer Laurent Garnier, ancien pilier de la maison Nova – comme animateur, platiniste ou programmateur. Quentin Dupieux, The Blessed Madonna, DJ Pierre, Pedro Winter, Carl Cox, jusqu’à un Jack Lang venant lui épingler une très officielle médaille : tou.te.s apparaissent dans Off the Record, le documentaire réalisé par Gabin Rivoire au sujet du parrain des musiques électroniques hexagonales.
L’occasion de revenir, quelques années après son bouquin Électrochoc, sur un parcours marqué au fer rouge d’une passion dévorante, celle de la musique, ou plutôt des musiques, qu’elles soient soul, new wave, disco, house, funk, rock (cf sa récente collaboration avec les Limiñanas), jazz, etc. Un grand mix à lui seul, matérialisé dans ces dizaines de mètres de disques accumulés, un vrai casse-tête pour tout déménagement. Un éclectisme qui permet à Laurent Garnier de s’amuser à nous (sur)prendre à revers, à jouer dans le contrepied, quelque ce soit dans ses sets, réfléchis comme des voyages au long cours, ou dès l’introduction du métrage, en faisant résonner la « Belle vie » de … Sacha Distel.
Né d’une frustration, celle de n’avoir pu faire aboutir ce projet de fiction que Garnier a porté pendant plus de dix ans, ce documentaire n’a rien d’un pis-aller. Bien au contraire : c’est un réjouissant focus sur quarante ans de mélomanie, à partir de ses premiers bricolages de charts et de mixes dans sa chambre de préado jusqu’aujourd’hui, à l’approche d’une retraite annoncée – du moins derrière les Technics -, peu importe l’avis du Sénat sur la question.
Le film détaille notamment, images et témoignages à l’appui, son exil fondateur à Manchester – partagé entre le service en pingouin à l’ambassade et les virées nocturnes échevelées du côté de la Hacienda -, l’accueil des homologues ricains début des 90s, les raves parties, son fief du Rex Club, les concerts live à l’Olympia ou à la Salle Pleyel, les tournées mondiales, la relation avec le public, les danseur.ses, la reconnaissance progressive de la techno mais aussi ses zones où elle est encore réprimée, tabassée, décrétée persona non grata car trop subversive (le film fait un zoom très intéressant sur le cas géorgien), F Com, COD3 QR, et, toujours présente, cette curiosité invétérée, inépuisable, sans cesse sur la brèche, à l’affût d’un nouveau son, d’un nouvel artiste, d’une nouvelle track qui pourrait renverser, pour une seconde ou une vie, les perspectives du monde.
Off the Record : un long-métrage tout sauf confidentiel mais humble et passionné que vous avez pu apprécier, en avant-première, lors du dernier Musical Écran (dont nous vous avions parlé dans ces colonnes) ; les projections étaient à guichets fermés, mais au cas où vous auriez loupé ce coche, le Cinéma Utopia s’est plié en quatre afin de vous proposer une session de rattrapage en salle ; une séance spéciale mise sur pied en partenariat avec Nova Bordeaux et le disquaire Gimme Sound, spécialisé en musiques électroniques.
Et nous vous offrons des billets, À DÉGOTER ICI-MÊME, avec le mot de passe Nova Aime.