Chaque jeudi dans BAM BAM, le sample de la semaine.
Chaque jeudi, dans le Sample De La Semaine, BAM BAM se penche sur l’histoire d’un sample. Deux fois par mois, cette chronique est réalisée avec une démo de Sims, un DJ passionné de sample. Aujourd’hui, cette chronique prend la forme d’un double flashback. En 2012, tous les auditeurs de rap ont les yeux tournés vers Compton. On attend fébrilement la sortie d’un disque, le premier véritable album du nouveau protégé du seigneur Dr. Dre : Kendrick Lamar.
Le jeune Kendrick Lamar est alors la sensation du rap mondial, il est l’élu. Il incarne l’espoir d’un renouveau de la plume et du sens. Son premier projet, Section 80, a été encensé par la critique et ses couplets décortiqués par tous les geeks de hip-hop. Bref, son album est attendu comme le messie. Le 15 octobre 2012, le monde découvre Good Kid, M.A.A.D City, un disque ambitieux, un album concept construit comme un roman racontant la vie du jeune Kendrick Lamar. C’est aussi de la lutte contre le déterminisme social que connait un jeune noir dans une ville aussi dévastée que Compton que cet album traite.
Chaque morceau est une étape ou un souvenir de la vie de Kendrick, qu’il retrace dans une seule journée, dans une métonymie qui condense sa propre existence. Tout le disque est abouti mais nous, on va s’arrêter sur un morceau en particulier. Au milieu du disque surgit ce titre et cette boucle initiale.
Backseat Freestyle, « le freestyle du siège arrière » est un morceau flashback au sein de l’album. A la fin du morceau précédent, on entend ses amis demander à Kendrick de rapper à l’arrière de la voiture. Le texte représente l’immaturité d’un Kendrick de 16 ans, pas celui du présent de l’album, et il raconte dans ce morceau les rêves matérialistes d’un gamin de Compton : les voitures, l’argent et les filles. Ce morceau est produit par Hit-Boy, et il y utilise un sample d’une provenance très lointaine. Cette boucle que vous entendez au début vient de Belgique, elle est l’oeuvre d’un groupe particulier, les Chakachas, sur un morceau qui dit « Yo Soy Cubano ».
Les Chakachas sont un grand nom du Cha Cha Cha de la fin des années 50, ils connaissent le succès avec leur morceau « Eso Es El Amor ». Si le groupe chantait en espagnol, quand on regarde le casting, ça ne sent pas vraiment le soleil : Gaston Bogaert aux percus, Henri Breyre à la gratte, Victor Ingeveldt au sax, seule la chanteuse Kari Kenton est originaire de Cuba. En revanche, c’est cet internationalisme un peu frauduleux du groupe qui va faire que le disque a pu voyager aussi loin et se retrouver entre les mains de Hit-Boi qui en fera donc le support d’un récit de vie d’un MC de Compton. La musique va bien plus vite que la mondialisation. Voyons comment il procède grâce à une démonstration de Sims
BAM BAM, le Bureau des Affaires Musicales, une émission animée par Sophie Marchand et Jean Morel, et réalisée par Malo Williams. Du lundi au vendredi, 18h00-19h30.
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